Il était une fois, les anciens pilotes MotoGP débarquaient en Superbike et devaient s’habituer aux pneus routiers Pirelli, avec des prérogatives, des coûts et des performances loin des matériaux utilisés dans les GP. Mais les temps changent. Remy Gardner, fraîchement sorti du MotoGP, a commenté : « Le Pirelli avant donne une grande confiance, je vais toujours lentement et je fais peu d’essais, mais les sensations sont très bonnes ». Encore plus explicite est Danilo Petrucci, qui a participé l’année dernière à MotoAmerica avec la Ducati V4 chaussée de Dunlop et a fait une wild card dans la catégorie supérieure avec la Suzuki équipée de Michelin. « En Amérique j’avais des bavardages mortels sur la Panigale, les Pirelli donnent une sensation immédiate et aussi l’agréable sensation d’être rond… »
La stratégie Pirelli
La multinationale italienne est l’unique fournisseur en Superbike depuis 2004, les progrès sont continus mais le bond en avant réalisé ces derniers temps a fait sensation. Pirelli parvient à faire aller très vite les as du Championnat du Monde avec des pneumatiques qui, en grande partie, sont également disponibles pour les amateurs de piste d’essai. L’objectif est de miser sur des pneus toujours plus tendres, donc plus rapides, qui garantissent des performances élevées même après plusieurs tours. Bref, la pierre philosophale que tout spécialiste du pneu recherche de façon obsessionnelle. Chez Pirelli, ils ont trouvé la bonne clé et les développements de 2023 vont dans ce sens.
« Front nouvelle génération »
Giorgio Barbier connaît le Superbike depuis ses débuts, il s’agira de la saison numéro 38 pour l’ingénieur directeur du département « course moto » de Pirelli. « Dans les tests en cours à Jerez et la semaine prochaine à Portimao (Portugal), nous travaillerons dur dans deux directions spécifiques. La première idée est d’avoir une façade plus performante. Au cours des deux dernières années, nous avons progressivement remplacé l’ancienne gamme SC2 et SC1 (solutions dures, ndlr) avec 674 et 843, c’est un changement radical. Maintenant, nous recherchons plus d’adhérence, nous nous dirigeons donc vers des solutions SC0, une nouvelle frontière pour nous. Ce type de développement répond à notre deuxième objectif… »
« On a beaucoup misé sur la SCQ »
« L’an dernier, nous avons remplacé le pneu du tour de qualification lancé par le SCQ, c’est-à-dire un pneu tout aussi performant mais qui pourrait aussi être utilisé, sous certaines conditions, dans la course de sprint de dix tours. Cela ne s’est produit qu’à Donington, la seule course qui a vu toute la grille se concentrer sur cette solution. Dans d’autres contextes, il n’a été choisi que par des coureurs qui n’avaient pas grand-chose à perdre et ont joué le joker, se retrouvant un peu en crise dans les 2-3 derniers tours. Nous tentons maintenant d’allonger la durée de vie de la SCQ, c’est-à-dire de conserver les mêmes prérogatives de durée mais d’obtenir une solution qui peut s’avérer être une alternative très valable à la SCX. C’est pourquoi nous travaillons dur sur l’avant : nous voulons avoir un pneu avant souple qui se couple parfaitement avec le SCQ.
Plus fort et plus fort
Le super grip à l’arrière garanti par la SCQ en fait « pousse » sur le devant, c’est pourquoi Pirelli travaille dans ces deux solutions distinctes. Les basses températures à Jerez jouent un rôle important, car ce sont les pires conditions pour l’utilisation de solutions extra-douces, qui, avec une faible qualité d’asphalte, ont tendance à se déchirer rapidement. Quand vous jetez un coup d’œil aux derniers temps des deux jours d’essais en Espagne, en voyant à quel point les temps des meilleurs pilotes Superbike sont désormais proches de ceux du MotoGP sur la même piste andalouse, vous saurez comment cela a été possible…
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