Le MotoGP scrute la F1 dans le but évident de suivre ses succès. Depuis deux ans, ce sont toujours les mêmes qui ont gagné, à savoir Max Verstappen et Red Bull, et pourtant les circuits du monde entier sont toujours aussi pleins. Même à Monza, bien que Ferrari n’ait pas remporté de championnat du monde depuis 2007, il y avait 300 000 personnes, un chiffre comme on n’en avait pas vu depuis des années. Les mécanismes du marketing sportif sont compliqués, Dorna en termes de mentalité et d’origine est à des années-lumière de Liberty Media, c’est-à-dire Warner Bros. Il sera difficile pour la direction actuelle d’avoir les ressources et la capacité de suivre le chemin. Mais en attendant de voir ce que l’avenir nous réserve, il y a certains aspects de la F1 qui pourraient facilement être exportés en MotoGP mais aussi en Superbike. Le pilote de réserve dont dispose chaque équipe en fait partie.
Les compétitions augmentent, les risques aussi
Avec l’élargissement du calendrier à vingt GP et l’introduction du Sprint le samedi, le spectacle, la part des droits TV et les contrats avec les circuits augmentent. Mais forcément, avec quarante courses programmées, les risques augmentent aussi. Cette année, la série de blessures, notamment en MotoGP, est ininterrompue et le tourbillon de pilotes remplaçants est continu. Fixer le chiffre du pilote de réserve par voie réglementaire présenterait un nombre considérable d’avantages.
A quoi servent les charges ?
Aujourd’hui, lorsqu’un propriétaire se blesse et est obligé de manquer un ou plusieurs médecins généralistes, il recherche des solutions provisoires. Des pilotes malheureux engagés toute l’année dans d’autres contextes se retrouvent dans des équipes qu’ils connaissent très peu, voire pas du tout. Prenez Iker Lecuona. Dès les débuts du MotoGP, il a été appelé pour remplacer Marc Marquez en Honda HRC, puis il a succédé à Alex Rins en Honda LCR. Devoir s’adapter à des motos, des pneus et des techniciens qui lui étaient totalement inconnus. Un saut sans filet, qui sert uniquement à ne pas montrer de défauts sur la grille. Un simple cosmétique, qui ne joue pas sur l’équipe et les coureurs eux-mêmes.
Prévoir la malchance
Indiquer un pilote de réserve en début de saison permettrait à chaque équipe de toujours avoir un pilote dans le garage prêt à prendre le relais. Il aurait l’occasion de s’entraîner lors des tests IRTA et, comme les propriétaires, de suivre les travaux, de connaître les stratégies, les évolutions et tout le reste. En cas de besoin, le remplaçant ne serait pas un simple remplaçant, comme actuellement, mais l’équipe pourrait compter sur un pilote prêt à faire son travail. C’est plus ou moins ce qui se passe en F1. La réserve pourrait être un jeune rampant, ou le grand nom que le même constructeur emploie dans un autre championnat. Pensez à quel point ce serait fascinant si un pilote de Superbike de haut niveau était en même temps réserviste dans chaque GP de première classe. Et si nous en avons les moyens, peut-être même l’inverse.
Une économie vertueuse
Il y a plus. La figure du pilote de réserve, si elle était institutionnalisée par voie réglementaire, pourrait devenir une nouvelle des atouts en marketing, entre engagements, sponsors personnels et tout le reste. Le personnage en question pourrait non seulement convenir à l’équipe de référence, mais aussi déclencher un processus économique vertueux, basé sur la visibilité que le rôle garantirait. Attention : les pilotes de réserve des écuries de F1 sont souvent et volontiers encadrés lors des GP. Même s’ils ne courent pas, dans un sens, ils sont aussi des stars du spectacle.
Malheureusement, des bases plus solides sont nécessaires
La moto n’a pas le «conte », c’est-à-dire la stratégie globale visant à accroître la fascination, l’intérêt et l’attractivité du public et des sponsors. Mais ce sont là les grands objectifs, qui coûtent de l’expertise et de l’argent. Malheureusement, même l’essentiel manque aujourd’hui : prenez les calendriers. Le MotoGP et le Superbike sont entre les mains de Dorna elle-même, mais il arrive qu’après plus d’un mois d’interruption, le Superbike redémarre précisément en conjonction avec le GP de Misano. Une folie qui a empêché Iker Lecuona de courir dans la catégorie reine et contraint Honda à faire appel au malheureux Takumi Takahashi pour reconstituer la réserve en LCR. « Enfin un fort » a commenté un lecteur sur les réseaux sociaux. Inévitable : c’est avec des absurdités de ce genre que l’image et l’autorité d’un championnat sportif sont détruites.
Les concomitances sont de la folie
Les coïncidences entre les deux plus grandes séries moto se poursuivront également le 24 septembre (GP en Inde, SBK à Aragon) et le 1er octobre (GP au Japon, SBK à Portimao). Résultat? Danilo Petrucci aurait pu courir trois GP à la place d’Enea Bastianini, blessé, mais il ne le pourra pas. L’introduction du pilote de réserve devrait donc s’accompagner d’une rationalisation de l’un des actif les principaux, à savoir le calendrier. C’est un énorme gâchis que le MotoGP et le Superbike courent le même dimanche. On sait bien pourquoi cela arrive : Carmelo Ezpeleta ne se soucie presque pas des dérivés de la série. Mais ils devraient intéresser les autres. »parties prenantes» qui investissent des dizaines de millions dans les motos : c’est-à-dire les constructeurs et les sponsors. Mais plus encore, à la Fédération Internationale de Motocyclisme, c’est-à-dire à l’organisme sportif qui a vendu les droits des deux championnats à Dorna. Jorge Viegas affirme vouloir changer les choses à la racine. Mais les années passent et rien ne change. Pas même les choses qui semblent les plus évidentes.
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