De Marc Sériau/paddock-gp
Avant un long entretien avec Hervé Poncharal en sa qualité de président de l’IRTA, que nous vous laisserons lire prochainement, nous avons pu interviewer Poncharal en tant que Team Owner du team GASGAS Factory Racing Tech3 MotoGP lors des essais officiels à Valence. L’un des sujets de la journée était les débuts dans la catégorie reine du champion du monde Moto2 2023, Pedro Acosta, qui courra l’année prochaine sous les couleurs rouges de la branche GASGAS du groupe Pierer Mobility. Et là, pendant que le patron de Tech3 parlait, un surnom m’est venu à l’esprit…
Hervé Poncharal, les premiers tours d’un rookie en MotoGP à Valence ne sont plus un sujet nouveau pour vous.
[Risata] Oui, ça devient un peu une habitude. En 2022 nous avions 2 rookies sortant du Moto2, un champion et un vice-champion du monde. En 2023, nous avions également un rookie qui était champion du monde et en 2024, nous aurons à nouveau un rookie champion du monde. Mais soyons clairs, sans manquer de respect aux autres qui sont tous des super pilotes et ils le prouvent, Pedro Acosta est un client pilote, comme le disent Marc Márquez, Dani Pedrosa, Jorge Lorenzo, Jorge Martin, etc…. Un client très particulier, très spécial. Nous avons suivi son parcours et je me souviens de l’avoir vu en Rookies Cup : quand je l’ai vu enlever son casque j’ai vu cette tête de poule sortir de l’œuf. On a ri parce qu’il avait vraiment une tête drôle et sympathique, depuis tout le paddock le suit et sa croissance a été fulgurante.
Il a remporté la Rookies Cup, a été champion du monde à ses débuts en Moto3, a été meilleur rookie en Moto2 et l’année suivante, il est devenu champion du monde. Donc en 3 ans il a 2 titres mondiaux, en 4 ans il a 4 titres, il a 19 ans et arrive en MotoGP. Il bat les records de précocité de Marc Marquez, alors oui, un phénomène arrive et on en est super content ! En plus, son père est pêcheur, ce sont des gens super modestes, super simples, mais pour moi être simple et modeste est une qualité. Je les aime! Et il a gardé ce côté modeste, ce côté terre-à-terre. Même s’il a 19 ans et que la vie lui a pour le moment souri, il ne s’est pas laissé monter à la tête. Il porte toujours l’uniforme de l’équipe, il n’est pas du tout du genre bling bling qui vient avec des voitures folles ou des copines rutilantes.
Pourquoi Pedro Acosta est Bob l’éponge ?
Hervé Poncharal : « Nous sommes à la fin de la première journée d’essais en 2024, et il se comporte bien : il est à un peu plus d’une seconde du meilleur temps et n’a commis aucune erreur. Pourquoi est-ce Bob l’éponge ? Cela vient des premiers mots de son chef mécanicien (Paul Trevathan) lors de la pause de midi de sa première journée en MotoGP. Je lui ai demandé “Qu’est-ce que tu as à me dire ?». Il me dit qu’il est une éponge, qu’il absorbe tout ce qu’on lui dit et à chaque run on voit que ce qu’il a absorbé il le met immédiatement en pratique sur la piste. Mais honnêtement, il ne faut pas se laisser aller à l’extase.”
« Chaque collaboration se passe toujours bien au début, mais il peut ensuite y avoir des contretemps, n’est-ce pas ? Quand on se marie c’est pour la vie, mais parfois, avant la fin de sa vie, on divorce, on se sépare… Nous verrons plus tard comment la situation va évoluer. Une saison c’est dur, il y a des moments de tension, il y a des moments de pression, il y a des moments où on se sent mal. C’est donc à nous de créer un groupe autour de lui, mais je sens que c’est quelqu’un de spécial, intelligent et terre-à-terre, qui veut y arriver et qui adopte la bonne méthode.”
“Avoir quelqu’un comme Acosta…”
Hervé Poncharal : « Ce n’était que le premier jour, mais je suis très fier de l’avoir dans notre équipe. A nous désormais de construire son cocon. Il a 19 ans et double champion du monde, mais il est encore un adolescent, un peu comme un enfant. Et j’aime les jeunes. Les pilotes m’ont toujours fasciné : ce sont nos héros, nos gladiateurs. Avoir quelqu’un comme Pedro Acosta… Eh bien, je veux lui donner tout ce qu’il a le droit d’attendre pour grandir, je veux le rendre heureux, et surtout je veux rendre mon équipe heureuse, parce que c’est important. Nous aurons 22 courses, 44 départs en MotoGP, et si c’est fait avec le sourire, même quand on est fatigué, c’est vraiment sympa ! J’ai envie de recréer un groupe, car il y a eu des moments où c’était un peu compliqué. Parfois, nous n’étions pas complètement aidés, il y avait des changements de personnel et tout. Mais maintenant, nous recréons Tech3 comme ce groupe l’était il y a quelques années en Moto3 et MotoGP.
« En tout cas, mon objectif est de donner à nos coureurs ce qu’ils attendent pour bien faire. Ensuite c’est leur tour, mais au moins pour moi, pour tout avant le feu tricolore, je donne tout, et je le donne à toute mon équipe d’environ 50 personnes, je le donne à chacun d’eux. Le maximum que je peux leur donner pour qu’ils se sentent bien, pour qu’ils s’entendent bien, qu’ils rassemblent les bonnes personnes et qu’ils leur donnent matériellement de quoi bien vivre, qu’ils soient heureux. Que tout le monde soit “Un homme heureux”, comme le disait William Sheller, des hommes heureux. Et Dieu sait si c’est compliqué, s’il peut y avoir des tensions quand il y a 22 courses avec 44 départs. Ou quand il arrive parfois des voyages où les mécaniciens ne rentrent pas pendant 2 mois ! Nous vivons donc ensemble 2 mois, 30 jours par mois, presque 24 heures sur 24, car ils partagent souvent des chambres ensemble. C’est important que tout se passe bien, c’est mon rôle principal.
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