La voiture est déjà chargée depuis le soir. Eau, bottes, gants et quelques bouteilles de Sangiovese. On ne peut pas arriver au Parc Galliano les mains vides. On se sent presque coupable, on a peur d’agacer mais le cœur dit d’y aller. L’usine est sur la Via Emilia. La première chose que nous voyons à l’entrée de la zone inondée est une banderole « Ne nous appelez pas des anges de la boue mais qui burdèl de paciug » (enfants de la boue, ndlr) à Cesena. Nous continuons vers Forlimpopoli et à la sortie de la ville une porte avec l’inscription Parc Galliano.
De l’extérieur on ne se rend pas compte de la situation mais après quelques centaines de mètres une scène difficile est impossible à oublier. Près de la piste il y a un petit lac mais il ne comprend pas où se termine le lac et où commence la piste. Le circuit n’est pas visible du tout.
Il est 9h30 du matin et Manuel Fantini, propriétaire de l’usine avec ses parents, nous accueille avec un câlin. Il porte un tee-shirt Ferrari, un chapeau de paille, des lunettes noires pour se protéger du soleil mais aussi des émotions, pour ne pas montrer ces larmes d’émotion qui jaillissent parfois. Manuel est debout depuis l’aube, il travaille aujourd’hui 20 heures par jour : Galliano pour lui, c’est bien plus que son travail, c’est sa vie. C’est un super passionné de moteurs, un doc romagnol qui ne lâche rien. Avec lui son père et de nombreux amis et bénévoles. Certains viennent de Biella, d’autres de Vénétie, beaucoup de Romagne.
On entre sur la pointe des pieds mais seulement dans un sens métaphorique car les bottes hautes au-dessus de la cheville sont immédiatement submergées par la boue. Oui, nous aurions dû avoir des bottes, mais il était difficile d’imaginer qu’il y avait encore autant d’eau dix jours après le déluge.
Des bénévoles nettoient la zone du bar et du restaurant où les vélos étaient garés, espérant pouvoir les sauver. L’appartement où Manuel vivait avec ses parents a déjà été vidé. Il ne reste absolument rien. A l’extérieur un tas de gravats : machine à laver, matelas, souvenirs d’une vie. Malheureusement, les murs à l’intérieur de l’appartement étaient en plaques de plâtre et même les murs doivent être jetés. Seules les salles de bain subsistent. Parmi les nombreux jeunes volontaires, espoir pour l’avenir. Certains sont passionnés de moto, d’autres non. je suis simplement là pour aider « Je voudrais tous les remercier du fond du cœur – dit Manuel Fantini– ils sont fantastiques, je ne sais pas ce que je ferais sans eux et sans les nombreux amis qui nous aident dans tous les sens ».
Le travail des bénévoles fait briller vos yeux. Ils travaillent avec le sourire, sous le soleil, personne ne se plaint, personne n’est fatigué. Nous essayons d’économiser le plus possible mais la plupart des choses finissent dans le tas de décombres car ce serait complexe et coûteux à réparer. Les assiettes et les verres sont tellement recouverts de boue qu’ils ressemblent à des découvertes archéologiques. Vous conservez quelques tasses, quelques souvenirs, posés dans un coin en attendant d’être nettoyés.
Cela semble paradoxal mais l’eau courante est rare et peu alimentée et constitue un frein supplémentaire. Mais le vrai pouvoir, c’est l’altruisme des volontaires. Et vers midi on voit tout l’étage de la zone restaurant : il a été vidé. Puis des rugbymen arriveront pour emporter les choses les plus lourdes comme le frigo.
Au cours de la matinée, les volontaires ont sorti toutes les motos. « Les motos sont comme des enfants pour moi et voyons ce qui sera sauvé. Les garçons étaient effrayants, ils ont tout fait en une matinée. La boue sur la piste commence à sécher et peut-être pourrons-nous la nettoyer à la main sans autant d’excavatrices, alors nous aurons besoin de nombreux bénévoles, alors je vous le ferai savoir via les réseaux sociaux du parc Galliano. Tous ceux qui nettoient la piste pourront mettre leur nom à l’entrée donc il y aura aussi des garçons qui s’affaireront. Si l’Italie réagit ainsi, le gaz sera de retour dans quelques semaines ! Merci merci merci! ».