Andrea Iannone sur le podium lors de sa première course, en lutte pour la victoire dimanche, la troisième place du championnat : un rêve pour lui et Go Eleven. L’équipe est piémontaise mais le team manager est romagnol : Denis Sacchetti, pilote de bon niveau et super passionné depuis des années. Qu’avez-vous ressenti, quelles ont été vos émotions les plus intimes lors du week-end à Phillip Island ? Le team manager d’Andrea Iannone se confie à Corsedimoto.
« Je suis heureux, comment pourrais-je ne pas l’être ? Même si je suis un peu en colère, je suis sincère. Finalement, tout ne s’est pas passé comme il aurait dû. Nous aurions aussi pu tirer plus de ce premier week-end donc disons qu’il y a aussi un peu de regret de ne pas en avoir fait plus à cause de certaines vicissitudes qui arrivent malheureusement en course. Lors de la première course, nous voulions tous que tout, moi en particulier, soit parfait mais ce n’est jamais facile. Je regarde toujours le côté négatif, ce qui doit encore être fait, corrigé, ce qui peut être mieux fait et je suis toujours concentré là-dessus et peut-être que je n’apprécie pas beaucoup les joies. J’espère que nous pourrons également nous réjouir lors de la prochaine course. Oui, nous allons certainement nous amuser. ET C’est cool d’être déjà là, on a déjà surpris tout le monde. »
Andrea Iannone : un pari déjà gagné ?
« Lorsque nous avons fait ce pari l’été dernier, je pense que personne ne s’attendait à ce qu’Andrea Iannone revienne au vélo après 4 ans et fasse immédiatement ce dont il était capable de faire. Évidemment, il y a beaucoup de gens qui auraient pu avoir des doutes, c’était à certains égards normal de recevoir autant de critiques. Nous étions conscients que c’était un pari difficile et important. Je ne veux pas dire que nous l’avons déjà gagné, mais le départ était certainement bon. Bien sûr, l’Australie est une course en soi, le circuit est particulier, il y avait le format drapeau à drapeau, Pirelli a apporté des pneus durs qu’il est peu probable que nous ayons à nouveau sauf peut-être à Portimao donc maintenant il est indispensable de confirmer, déjà à Barcelone . Il faudra essayer de bien faire là aussi et lors des courses suivantes. Nous sommes en passe de dire que nous aurions pu avoir raison mais nous tirerons des conclusions à la fin de l’année« .
S’ils vous avaient dit que vous seriez sur le podium, l’auriez-vous cru ?
« Le podium lors de la première course était quelque chose sur lequel peu de gens auraient parié. Je me serais moi-même inscrit il y a des mois et s’ils m’avaient dit que nous aurions vécu un week-end comme celui-ci et que nous aurions terminé troisièmes du championnat. Cependant, nous devons garder les pieds sur terre. Il y a beaucoup de travail à améliorer, sur nous-mêmes en tant qu’équipe avant tout et Andrea Iannone doit encore bien comprendre comment fonctionne ce championnat, le format, les adversaires, il doit mieux interpréter les pneus et mieux connaître la moto. Nous devons tous nous engager, travailler tête baissée et essayer de rester à un niveau aussi élevé. »
Qu’avez-vous lu dans les yeux d’Andrea Iannone ?
« Andrea lui-même est très communicatif et vous pouvez voir les émotions qu’il ressent dans ses yeux. Quiconque a été pilote comprend certaines choses : combien il est difficile après une longue période et avec ce qui lui est arrivé, de se remettre dans le jeu, de parier sur soi puis d’arriver à la première course et de monter immédiatement sur le podium. Il a dissipé le mythe du cavalier qui reste immobile et ne va pas plus vite. Ce résultat est venu grâce à sa motivation, sa détermination, son envie de courir, de démontrer qu’Iannone est toujours Iannone. Il y a en lui un désir de rédemption, ou plutôt un besoin de rédemption personnelle pour sa vie. Au cours de ces années, il n’a jamais cessé d’être, de ressentir, un pilote et pour un pilote, il n’y a pas d’autre raison de vivre que de piloter une moto. »
Denis Sacchetti, pouvez-vous plutôt nous faire part de votre ressenti ?
« Je suis divisé en deux pendant le week-end de course et surtout en fin de course. Il y a l’émotion du team manager d’un côté et celle du pilote Denis Sacchetti de l’autre. Comme Denis à la fin de la course 1 mais aussi après la superpole où il a réalisé un tour avec un chrono vraiment effrayant, j’ai été vraiment ému. Comment décrire certaines émotions ? Ce qu’Andrea Iannone a fait est incroyable, impossible à imaginer. C’était fort, fort, fort ! Il a démontré beaucoup de choses au monde entier. Cela va sans dire : il a un talent exagéré, vraiment exagéré, il en reste peu avec le talent qu’il a et si vous ne l’avez pas, vous ne faites pas ces choses.
Je suis devenu ému parce que j’ai compris ce qu’il ressentait. Je sais à quel point il a souffert et j’ai compris ce qu’il a ressenti dans tous ces moments, depuis le moment où il est monté sur la moto le premier jour jusqu’à son podium en Australie. »
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