Dans le garage Yamaha, il règne un air tendu alors qu’il reste trois courses à disputer jusqu’à la fin du Championnat du Monde MotoGP 2022. Fabio Quartararo a vu son avance passer de 91 à 2 points après sa dernière victoire au Sachsenring. Franco Morbidelli est profondément déçu après avoir remporté un seul top 10. Andrea Dovizioso a pris sa retraite bien en avance pour n’avoir jamais établi de bonnes sensations avec la YZR-M1. La recrue Darryn Binder a récolté 10 points en 17 courses et n’aura aucun moyen de poursuivre l’aventure dans la catégorie reine. Mais que se passe-t-il chez Yamaha ? Une réponse est donnée par Ramon Forcada, ancien ingénieur en chef de ‘Dovi’, contraint de partir après la démission du chauffeur.
Le métier de chef technicien MotoGP
Au GP de Misano, il a participé à son dernier Grand Prix MotoGP avant de se consacrer au JuniorGP avec le Finetwork MIR Racing Team. Ramon Forcada vit dans le paddock MotoGP depuis 31 ans, travaillant aux côtés d’illustres personnalités du calibre d’Alex Barros, Carlos Checa, Casey Stoner, Maverick Viñales, Jorge Lorenzo (trois titres MotoGP), Franco Morbidelli et enfin Andrea Dovizioso. Le métier de chef d’équipage est difficile, surtout dans une classe reine de plus en plus poussée et restreinte. “Maintenant, il y a des gens qui veulent que vous fassiez le vélo parfait pour eux, et ils n’existent pas. Nous, les techniciens, pouvons faire quelque chose, faire en sorte que le pilote soit à l’aise, mais il doit s’adapter“. Une phase d’acclimatation que ‘Dovi’ n’a jamais réussi à boucler avec la M1, après de brillantes années sur Ducati.
La différence entre Yamaha et Ducati
Pour le moment, Yamaha dépend de Quartararo. Le champion de France est le seul capable de vivre avec les problèmes du vélo. “Le vélo parfait n’existe pas, il faut un pilote qui sache s’adapter. Et plus le vélo est éloigné du sweet spot, plus le cycliste doit s’adapter. Peu sont capables de le faire. Fabio est le seul à réussir à tirer le meilleur parti de ce vélo“. Il y a encore quelques années, le prototype Iwata était l’un des plus agiles et des plus faciles à conduire : “Fabio est un spécialiste des qualifications, cette année il n’a décroché qu’une seule pole position. Il se passe donc quelque chose – a ajouté Ramon Forcada -. La situation de Honda et Yamaha est similaire, ils dépendent d’un pilote. Ducati non, il semble qu’actuellement il soit plus facile de s’adapter à Ducati qu’à Yamaha ou Honda. Ce n’est pas que Ducati a un niveau supérieur, mais cela permet à ses pilotes de s’adapter plus facilement”.
Selon l’expert technique catalan Fabio Quartararo se plaint également du manque de compétition interne. Aprilia a redécouvert Maverick Vinales, Ducati peut compter sur un grand groupe d’athlètes qui s’affrontent. Voir par exemple le duel entre Pecco Bagnaia et Enea Bastianini qui ne fait aucune remise. “Hormis Ducati et Aprilia, les autres marques n’ont pas de concurrence interne – a conclu Forcada aux micros de DAZN -. D’autres l’ont. Chez Aprilia, Maverick s’adapte très bien et Aleix souffre un peu de la pression. Ducati a un casting de pilotes, si l’un ne gagne pas, c’est un autre“.
Photo de Valter Magatti




