De Marc Sériau/paddock-gp
MotoGP de plus en plus chargé sur le front-end. Des coureurs et des équipes donc qui doivent composer avec la pression à l’avant qui réduit la sensation lorsqu’elle est trop élevée, avec des contrôles longs à mettre en place. Nous avons profité de cette pause des Grands Prix pour faire le point avec Piero Taramasso, manager Michelin dans les compétitions à deux roues. Nous n’avons pas été déçus : des informations claires et précises, voire exclusives et rassurantes sur un sujet qui, jusqu’à présent, était un véritable casse-tête pour les équipes !
MotoGP, les choix pour 2023
« Après 5 GP il y a une petite pause, ça permet de résumer » dit Piero Taramasso. « Je me souviens des changements que j’ai apportés. Une gamme de pneumatiques réduite, avec 3-4 spécifications en moins, éliminant des gommes un peu moins constantes ou plus difficiles à monter en température. Nous avons supprimé l’avant légèrement plus doux et introduit un avant légèrement plus dur. Il s’agit de répondre à l’évolution des motos MotoGP, avec une charge toujours plus importante à l’avant, avec un aérodynamisme et des régleurs de hauteur. Au cours des années précédentes, nous avons constaté une augmentation des contraintes sur le pneu avant, modifiant nos choix. Plus tard, en accord avec Dorna et toutes les équipes, nous avons réduit la gamme à l’arrière : de trois spécifications à deux, avec 7 soft et 5 medium.
« Forts de l’expérience de sept saisons en MotoGP, nous savions que nous pouvions le faire : avec deux composés, vous pouvez couvrir toutes les températures différentes et jusqu’à présent, cela a fonctionné. Les arrières ont aussi bien fait leur travail en termes de performances : nous avons battu tous les records à Portimao et Austin. En Argentine et au Mans, les conditions n’étaient pas les meilleures, mais nous étions tout de même proches des records et les pneus ont bien fonctionné tant en termes d’adhérence que de régularité. Bref, les pilotes peuvent vraiment attaquer du début à la fin. Le MotoGP Sprint n’est pas très représentatif compte tenu du peu de tours, mais on l’a vu dans les courses du dimanche, avec des dépassements et de l’animation. Pour nous, l’objectif a été atteint, j’espère que ça continuera comme ça.
MotoGP, pression des pneus
« Dans 2-3 courses, nous avons entendu des pilotes parler de la température et de la pression des pneus avant » a poursuivi Piero Taramasso. « Des fluctuations arrivent et c’est difficile de les maîtriser, mais cela arrive sur des circuits où il faisait très chaud, ainsi qu’en fonction de l’évolution des motos. Dès que nous avons remarqué les changements à l’avant, nous nous sommes immédiatement mis au travail pour fabriquer un nouveau pneu avant. Nous avons testé les premiers prototypes à Ladoux, chez Michelin, puis nous les avons essayés cette semaine au Mugello. Les résultats sont encourageants et positifs, nous les remettrons prochainement aux équipes test des différents constructeurs MotoGP. Mêmes quantités pour Ducati, Yamaha, Honda, KTM et Aprilia, ils pourront donc effectuer un test privé et, si tout se passe comme prévu, nous pourrons les emmener aux tests IRTA à Misano, pour les pilotes officiels . Nous sommes sur la bonne voie : le but de cette gomme est d’être moins sensible aux changements de température et de pression. Les pilotes pourront donc l’utiliser avec des pressions plus faibles : l’objectif est son utilisation à 1,7 bar, une baisse significative par rapport aux 1,88 bar actuels. Une nouvelle carcasse et un nouveau profil qui donneront encore plus de soutien aux pilotes au freinage et en entrée de virage.
Nouvelle carcasse et nouveau profil, mais avec des pneus que vous connaissez déjà ?
Exactement.
Le contrôle de la pression des pneus devait être fait à Jerez, mais tout a été reporté au Mugello. Où en est-on de ces contrôles à effectuer ?
J’ai quelques informations à ce sujet. Ce n’est pas quelque chose que Michelin gère, mais nous le surveillons certainement de près car cela concerne directement les pneumatiques. Sur le plan technique, cependant, il a été difficile à mettre en pratique, plus que tout le monde ne le pense. Mais ce que je peux dire, c’est que le système est prêt à 99%, donc il y aura 2-3 tours de test MotoGP en temps réel avec le nouveau logiciel, les algorithmes et l’ensemble du système, puis tout ira bien. Je ne peux pas dire de date, mais au plus tard je dirais pour le redémarrage à Silverstone ou juste avant. Mais nous y sommes presque et nous parlons des 2-3 GP de test.
Le système est basé sur des capteurs français fabriqués à Toulouse, au lieu de capteurs McLaren. Qui les a choisis et pourquoi ?
L’année dernière, il y avait des capteurs McLaren et il y avait LDL, une société française. Le choix s’est porté sur ce dernier [ora LID Technologies, ndr] car il est très fiable et de nombreuses équipes MotoGP le connaissaient déjà. Tout comme Dorna, puisqu’il s’agit d’un système avec des capteurs LDL, il est déjà utilisé en MotoE et Moto2 et fonctionne très bien. La décision a été facile et ce sont donc les capteurs de référence pour garantir le respect des pressions minimales que nous indiquons. Il faut aussi dire que les capteurs McLaren avaient un autre avantage : les températures pouvaient être mesurées. Ils disposent de cinq faisceaux infrarouges dirigés vers le pneu, précisément sur les angles d’inclinaison maximaux, au milieu et au centre, nous fournissant des informations sur les températures en temps réel. Les capteurs LDL ne mesurent que les températures de l’air intérieur. Aujourd’hui, pratiquement toutes les équipes utilisent deux capteurs sur les roues, mais elles ont d’autres tâches. Les capteurs de référence pour la pression des pneus sont les LDL. Il fallait ensuite régler les transmissions entre les capteurs et le calculateur Magneti Marelli, également fonctionnel pour Dorna, calage, etc. Je m’attendais à ce que ce soit plus facile et plus rapide, mais quand j’ai vu la complexité du travail qu’ils ont fait, je ne peux que dire que c’était exceptionnel !
La deuxième partie de l’interview suivra.
Photo: Michelin Motorsport
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