De Nicolas Pascal/paddock-gp
Il ne vous aura pas échappé que le Championnat du Monde MotoGP ne touche pas les cinq continents. En fait depuis 2004 l’Afrique n’est plus représentée et nous pensons que c’est dommage. Ce continent en croissance exponentielle avec tant de passionnés mérite un GP. Aujourd’hui, nous nous posons la question à travers l’étude d’un circuit méconnu en Europe.
Parce qu’un Grand Prix MotoGP en Afrique aurait du sens
Tout d’abord, l’Afrique n’est pas inconnue dans le monde des courses de Grand Prix. Tout au long de l’histoire, de nombreux coureurs talentueux, voire légendaires, ont eu des liens étroits avec le continent africain. Parfois ils étaient autochtones, parfois ils y vivaient. Pensons à tous les Rhodésiens, originaires d’un pays étroitement lié à l’histoire des GP moto. Parmi ceux-ci on cite Ray Amm, Jim Redman ou encore Gary Hocking, champion du monde 500cc en 1961. Impossible également de ne pas citer les Sud-Africains sur deux roues, comme Kork Ballington, Jon Ekerold ou Brad Binder, ou sur quatre roues, comme Jody Sheckter, champion du monde de Formule 1 en 1979. En tout cas, le sport automobile s’est souvent concentré dans le sud du continent jusqu’à récemment. On compte 10 éditions du Grand Prix d’Afrique du Sud disputées à la fois sur la piste mythique de Kyalami (entre Johannesburg et Pretoria) et sur la Phakisa Freeway, non loin de Welkom, une ville d’un peu plus de 60 000 habitants au milieu de nulle part. N’oublions pas le Grand Prix de Formule 1 du Maroc ou le mythique Paris-Dakar.
Il est donc clair que le sport automobile n’est pas nouveau pour les Africains, c’est pourquoi il serait logique d’y revenir. Mais même la F1 n’y met plus les pieds. Des rumeurs intéressantes sur Kyalami, à la périphérie de Johannersburg, émergent de temps en temps, mais la situation reste dans l’impasse. Il serait décidément intéressant, pour une fois, que ce championnat anticipe tout le monde, rendant hommage à un continent passionné, dans lequel le transport de petites cylindrées est très répandu. En plus de cela, certains pays construisent également leurs propres entreprises pour la conception de deux-roues électriques. Avec une population jeune, il serait possible de créer un grand spectacle dans un cadre différent, ce qui rendrait le Championnat du Monde MotoGP toujours plus riche, plus diversifié et plus excitant. Il n’y aurait que des avantages.
Un circuit inconnu
Le problème des infrastructures se pose souvent sur le continent africain. Quelle que soit la discipline, les athlètes se plaignent généralement des installations une fois qu’ils quittent l’Afrique du Sud et le Maghreb. Cependant, au Sénégal en 2008, une piste tout à fait originale et réalisable a été créée, le circuit Dakar Baobabs (sur la photo de couverture) conçu par Jean-André Collard et homologué par la Fédération Internationale de l’Automobile en 2009.
L’aménagement est intéressant et permet aux Sénégalais de profiter d’une infrastructure solide, originale et réellement précieuse en Afrique de l’Ouest. C’est le seul circuit permanent homologué dans cette partie croissante du monde. Réputée pour être très technique, elle accueille chaque année les 6 Heures de Dakar, une épreuve qui comprend deux tours de trois heures chacun et qui s’est imposée de longue date dans le paysage sportif sénégalais.
Evidemment il faudrait y travailler pour s’assurer que le circuit respecte les normes exigées par le MotoGP, mais il faut aussi promouvoir ces initiatives qui peuvent apporter de grands bénéfices de part et d’autre. Son paysage en fait un Grand Prix unique en soi. Située sur la commune de Sindia, dans la région de Thiès, elle est proche de Dakar, la capitale, mais aussi et surtout à deux pas de l’océan Atlantique et de l’aéroport international Blaise-Diagne. Encore plus original, le circuit se situe à quelques kilomètres de la réserve naturelle de Bandia, riche d’une faune protégée.
Des travaux restent à prévoir, mais ce serait certainement une façon de réaliser le rêve de millions de passionnés, de poser le pied sur cette magnifique terre, d’une couleur ocre qui trancherait vraiment avec le reste du calendrier. Comme en Asie du Sud-Est, nul doute que les Sénégalais apprécieraient le spectacle et accueilleraient le monde comme il se doit. Pour preuve on cite le grand retour du Safari Rally WRC au Kenya en 2021 : une étape obligatoire et incontournable qui apporte une touche différente et permet à ce championnat de s’imposer encore plus à l’international.
Photo de couverture : au-sénégal
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