Enea Bastianini a été promu dans l’équipe d’usine Ducati après ses deux premières saisons en MotoGP avec une équipe satellite. Deux podiums à ses débuts, mais l’étincelle d’amour avec Ropssa a éclaté en 2022, avec quatre victoires qui ont ouvert les yeux des dirigeants de Borgo Panigale. Fin août, annonce officielle le passage à l’uniforme rouge, mais la ‘Bête’ a un double défi devant lui, avec lui-même et contre ses adversaires.
La grande nouveauté du MotoGP
Au cours de la saison MotoGP ’23, tout le monde devra faire face à la nouveauté des courses Sprint. Les tours et le score ont été divisés par deux, mais les vélos pourraient également changer. Par exemple, la commission GP a établi que la capacité maximale du réservoir pour les courses de sprint est confirmée à 12 litres. Les équipes peuvent choisir d’utiliser un réservoir traditionnel contenant moitié moins d’essence, ou un réservoir spécialement conçu pour cette capacité. La stratégie de l’équipe pourrait se tourner avant tout vers ce secteur, les ingénieurs trouvant des solutions gagnantes sur un terrain encore vierge. Dans le même temps, les Sprint Races pourraient aider certains pilotes et en pénaliser d’autres, les obligeant également à doubler le facteur de risque (en attendant de décider qui paiera les primes…). Ceux qui connaissent le mieux leur vélo devraient en théorie avoir un équipement supplémentaire, à condition que le prototype respectif de 2023 ait bien grandi pendant la trêve hivernale.
Le style de conduite de Bastianini
Enea Bastianini fait partie de ces pilotes habitués à faire la différence dans les derniers tours, ou du moins dans la deuxième partie de course, grâce à sa capacité à préserver le pneu arrière. Son style de pilotage essaie de limiter le patinage des pneus dans les virages, un point fort en fin de course mais un désavantage sur le tour lancé (alias les qualifications). Le pilote romagnol de l’équipe d’usine Ducati aura besoin d’une étape principalement psychologique pour gagner de l’argent dans les courses de sprint et être rapide dès vendredi, lorsqu’il accédera directement à la Q2. Lors du Championnat du monde MotoGP 2022, il a remporté quatre victoires à cheval sur le GP Desmosedici de l’année précédente. A Losail, Austin et Le Mans, ‘Bestia’ a pris la tête avec moins de huit tours à faire, à Aragon il a dépassé Pecco Bagnaia dans le dernier tour. A Misano et Sepang, il a tenté de doubler son compatriote et compagnon de marque dans les phases finales sans y parvenir. Mais cet « ultime exploit » n’est certainement pas accidentel.
Moins de pneus, moins d’électronique
La capacité d’Enea Bastianini à préserver les pneus est une caractéristique de son ADN, difficile à remodeler en peu de temps. Selon le pilote lui-même, les données télémétriques démontrent sa capacité à patiner moins en sortie de virage. Une dot que Jack Miller avait déjà remarquée lors de la dernière saison, à tel point qu’il a tenté de l’imiter mais sans succès. « Il a un style très particulier, il est très au centre [della moto]avec la tête en mouvement dans les virages», a décrit l’ex australien de Ducati. « Il parvient à faire avancer le vélo, en restant stable et calme“. L’évêque de Rimini, âgé de 25 ans, a une approche très fluide du pilotage, un peu funambule, capable de dépasser dans les moments les plus inattendus et difficiles de la course. « Une autre de mes particularités est d’utiliser moins d’électronique sur le vélo. Certains coureurs utilisent beaucoup d’électronique, mais je préfère une cartographie moins avancée et moins de manipulation électronique“.
La prochaine étape d’Enée
Une façon de piloter la Ducati qui le pousse à consommer davantage la partie centrale du pneu, moins les zones latérales. « Je n’aime pas glisser parce que ce n’est pas mon style – a expliqué Bastianini -. Quand je suis sur le vélo, je veux toujours être à la limite, juste avant que le pneu ne commence à patiner, j’ai une grande sensibilité avec le pneu arrière et ce n’est pas bon pour moi de glisser“. Une qualité qui l’amène à avoir quelque chose de très différent de ses autres collègues, comme le note Jack Miller : «Son style de pilotage est très différent de nous tous sur la grille“. Evidemment il y a un revers à la médaille : Enea ne peut pas être trop incisif sur un seul tour. Troisième du classement final des pilotes MotoGP 2022, mais seulement septième du BMW M Award qui récompense les meilleurs des qualifications. Un talon d’Achille que le protégé de Carlo Pernat sait qu’il doit optimiser. « J’essaie depuis longtemps d’apprendre à glisser davantage en qualifs et je progresse dans ce secteur… Quand je n’ai pas beaucoup de feeling devant, j’ai du mal à vraiment attaquer.“.
Photo : MotoGP.com