Celui d’Aragon a été un dimanche de bête pour le MotoGP, pour Enea Bastianini, pour l’équipe naissante Gresini Racing qui récolte sa quatrième victoire de la saison. Nous avons revécu le sprint de Misano, mais dans ce cas c’est Pecco Bagnaia qui a triomphé. Au MotorLand, le Romagnol de 24 ans a voulu prendre sa revanche immédiatement en lançant la patte décisive au virage 7 du dernier tour. Pour la deuxième fois consécutive, les deux compatriotes s’offrent du spectacle, mais aussi quelques trop de risques.
Misano et Aragon sur le fil du rasoir
Les dirigeants Ducati tirent le meilleur parti d’une mauvaise situation, Paolo Ciabatti avoue à contrecœur qu’il aurait préféré voir Bagnaia triompher, il aurait donc à ce moment-là 5 points de retard (et non les 10 actuels). Le titre de pilote MotoGP a trop longtemps disparu des annales de l’histoire de Borgo Panigale, depuis la saison 2007 et porte la signature de Casey Stoner. La chute de Fabio Quartararo au GP d’Aragon a rouvert le championnat du monde, maintenant Pecco est vraiment à un pas du rêve, mais il faut continuer dans la foulée de la deuxième partie du championnat. Et depuis les stands, une intervention plus décisive sera nécessaire, car Bagnaia et Bastianini risquent de provoquer un accident moqueur qui pourrait complètement éliminer l’enthousiasme et la course au leadership. Dans quelques jours, nous courrons à Motegi et il n’y aura toujours pas de véritables consignes d’équipe, si ce n’est de ne pas gêner Pecco Bagnaia et de ne pas faire de dépassements risqués sur les Piémontais.
Un « régulé » pour Bagnaia et Bastianini
On parle de « geler » les positions dans les deux ou trois derniers tours, mais ce n’est qu’une indiscrétion qui circule dans le paddock MotoGP. Le fait est que maintenant Enea Bastianini et l’équipe Gresini poursuivent le championnat du monde, pas facile de remplir 48 points en 5 courses, mais pas impossible non plus. Personne n’aurait jamais imaginé la « Bête » en lice pour le titre dès sa deuxième année en catégorie reine, de surcroît avec une équipe satellite. « Déjà dans la seconde moitié de l’année dernière, nous avons vu à quel point Enée était fort – Nadia Padovani raconte à ‘La Gazzetta dello Sport’ -. Cette année, il a commencé à collectionner, mais s’il a remporté quatre courses …“.
Gresini a également souffert dans les stands dimanche dans les derniers tours, Pecco et Enea étant séparés de quelques dixièmes, le Romagnol n’étant pas du tout disposé à laisser la victoire à son futur coéquipier. « Quand il l’a dépassé dans le dernier tour, j’ai failli faire une crise cardiaque», admet la veuve de Fausto Gresini. L’objectif le plus réaliste est la troisième place au classement, mais pourquoi ne pas oser si les maths sont de votre côté ? Bastianini et son équipe n’ont pas l’intention de subir des ordres d’équipe pour le moment. « Si nous arrivons à deux courses de la fin et qu’il n’y a plus de chance de faire mieux que la troisième ou la deuxième place au classement général, à ce moment-là, nous aiderons. C’est mon point de vue, mais je ne sais pas si c’est aussi celui de Ducati“.
Le rêve du titre MotoGP
A ce jour, aucune rencontre entre Mme Padovani et le top management de Borgo Panigale pour évoquer ce sujet. « Pour l’instant, ils n’arrêtent pas de dire qu’ils ne veulent pas jouer à des jeux d’équipe, mais je peux aussi comprendre que Ducati n’a pas remporté le titre des pilotes depuis de nombreuses années. En tant qu’entrepreneur, j’essaie aussi de me mettre à leur place, mais au final je suis à la tête de l’équipe Gresini, et nous sommes là pour bien faire. Ensuite, je le répète, on voit une ou deux courses à faire“.
A la fin de la saison MotoGP, Enea Bastianini quittera l’équipe cliente pour rejoindre l’équipe d’usine et partagera le garage avec Pecco Bagnaia. Deux coqs dans le poulailler, mais ce sera un grand spectacle pour la Coupe du monde, tant qu’une certaine diplomatie persistera entre eux. « Pour moi leur rivalité peut devenir comme ça entre Rossi et Biaggi, ou Gibernau – conclut Nadia Gresini -. Mais cela devrait être sain, ainsi que spectaculaire. Aujourd’hui le personnage de Rossi nous manque, Marquez n’est pas encore revenu, le public veut voir ces duels“.
Photo de Gresini Racing