Un nouveau procès menace d’enflammer l’ambiance dans le paddock MotoGP et concerne la pression des pneus. La réglementation prévoit une limite minimale de 1,9 bar à l’avant et 1,7 à l’arrière. Jusqu’à l’année dernière, on fermait les yeux, car les fabricants utilisaient différents systèmes de détection qui pouvaient enregistrer des marges d’erreur difficiles à évaluer et donc punissables. À partir de 2023, toutes les équipes et tous les pilotes devront utiliser des capteurs fabriqués par la société française LDL qui surveilleront la pression des pneus en temps réel.
pression des pneus michelin
L’objectif annoncé depuis un certain temps est de faire respecter les limites imposées par Michelin pour assurer une sécurité maximale. La poussière s’est levée l’année dernière, lorsqu’il est apparu que certains coureurs avaient couru une bonne partie de la course avec des pressions inférieures à 1,9 bar. Le doigt était surtout pointé vers Pecco Bagnaia et Ducati, mais en réalité il n’était pas le seul à rouler sous les limites autorisées par une réglementation très instable. Rappelez-vous que moins de pression peut souvent garantir une meilleure adhérence. Dès la saison MotoGP 23, l’histoire sera rigoureusement suivie, à tel point que nous avons déjà reçu les premières révélations « non officielles » lors des essais de Sepang. La phase préparatoire des nouveaux capteurs LDL se poursuivra également dans le test de Portimao et dans les trois premiers Grands Prix, lorsqu’aucune pénalité ne sera attribuée à quiconque dépasse la limite. Même si l’histoire n’est pas aussi simple qu’on pourrait l’imaginer.
La pression des pneus avant peut augmenter lorsqu’un cycliste poursuit de près un adversaire. Un problème qui sévit notamment chez Yamaha, avec Fabio Quartararo et Franco Morbidelli qui se sont plaints d’un manque de grip lorsqu’ils étaient dans l’aspiration. Dès le Grand Prix de Jerez, Dorna devrait sanctionner quiconque ne respecte pas la pression. Lors d’un tour d’essais ou de qualification hors plage, le chrono sera annulé, s’il s’agit d’une course un pilote pourra être disqualifié s’il dépasse le seuil d’un nombre de tours fixé par Michelin.
Les premières critiques des pilotes MotoGP
Après avoir testé les nouveaux capteurs en Malaisie, l’avis des pilotes de la catégorie MotoGP était presque unanime. Tout le monde est favorable à un meilleur contrôle de la pression des pneus, mais la limite de 1,9 bar est insuffisante. Pendant une course, la pression des pneus avant peut augmenter de plus d’un demi-point. Alex Marquez a clairement déclaré que «cela n’a pas beaucoup de sens pour le pneu avant, car il y a très peu de place pour que la pression d’air s’accumule, jusqu’à 2,2 bars, et cela signifie un risque sérieux de chute. Cela peut être dangereux, surtout en course, car les pneus chauffent lorsque vous roulez en groupe“.
Dans la lignée de Marco Bezzecchi, le plus rapide lors de la première journée d’essais en Malaisie. « 0,2 bar de plus suffisent pour commencer à avoir des problèmes avec la gomme. J’espère que cette règle ne deviendra pas officielle, pour notre sécurité. Il faut essayer de trouver un équilibre, je pense qu’on peut le trouver entre ce que veut Michelin et nous les pilotes“. Le pilote KTM Brad Binder est également d’accord avec ses collègues. « L’année dernière on a souvent dépassé les bornes car il faut partir avec le moins de pression possible… Si on est scotché à la roue arrière, la pression du pneu avant peut augmenter d’un coup de 0,5 bar. C’est une question complexe“.
Michelin pourrait baisser la limite minimale à 1,88 bar, mais la proposition ne semble pas suffisante. De son côté, Dorna a fait savoir que si le chœur critique des coureurs est unanime, la phase de test pourra être prolongée même jusqu’à la moitié du championnat et au-delà, donc sans risque d’encourir des sanctions pour les contrevenants. Mais trouver un accord commun ne sera pas facile et en attendant, la question s’embrase parmi les initiés.
Photo : MotoGP.com