Il y a ceux qui l’appellent « Le Lion du Désert », qui « La Légende », qui « L’inox » mais il n’y a pas de terme pour exprimer la grandeur de Franco Picco. Le pilote de Vicence était et reste l’idole de tous les fans du Dakar. Ses exploits vont au-delà des succès sportifs. Il participe au « Grand Raid » depuis 1985 et à la veille de ses 67 ans il prépare son 29e Dakar. Franco Picco nous raconte son histoire.
Franco Picco, commençons par ses débuts. Comment cela a-t-il commencé?
« J’étais crosseur, j’avais gagné l’italien, j’ai participé au Grand Prix des Nations et à diverses courses internationales. J’étais un pilote Yamaha Italie et ils m’ont dit que j’étais fort sur les terrains durs mais trop mauvais sur les terrains sablonneux d’Europe du Nord. Ici en Italie, je n’ai pas eu l’occasion de m’entraîner sur le sable et ils m’ont envoyé au Paris-Dakar en 1985, simplement pour m’entraîner pour les courses de motocross. Personne ne pensait qu’un cross pouvait aller vite dans le désert au lieu de cela, je suis monté sur le podium. À ce moment, ma carrière de ski de fond s’est terminée. Yamaha m’a dit qu’il m’avait donné le vélo mais pas un motocross, mais un spécifique pour le Paris-Dakar. J’ai quitté la croix et je suis devenu un spécialiste du raid ».
Quel Dakar avez-vous le plus à cœur ?
« C’est difficile de choisir. Si je ne regardais que le classement, il serait naturel de dire les deux éditions où je me suis classé deuxième au classement général, en 1988 et 1989, mais ce n’est pas le cas. Ces deux fois je suis rentré chez moi déçu car au fond de moi je n’avais pas conquis la deuxième position mais j’avais perdu le Dakar. Après le Dakar en Afrique, nous sommes allés courir en Amérique du Sud et sur le plan émotionnel, c’était quelque chose d’incroyable, pour l’affection du public. Beaucoup me connaissaient, même pour mon passé dans la croix, et ils m’ont témoigné leur affection. Puis nous sommes passés en Arabie Saoudite et c’est encore un autre monde. En 2021 j’ai fait le Dakar dans la catégorie sans assistance et ça aussi c’était une aventure inoubliable. Le dernier, avec Fantic était magnifique ».
Il a traversé trois époques du Dakar. Au-delà du chemin, comment a-t-il changé ?
« En pratique, seul le nom est resté le même. Dans l’ancien on allait avec les cartes, la boussole, on cherchait les traces alors que maintenant on utilise le road book électronique qu’ils nous donnent au dernier moment, c’est très précis et c’est aussi très hors-piste. Puis les vélos, les instruments ont changé et la sécurité a tellement augmenté. Après le premier Dakar en Afrique, nous sommes allés en Amérique du Sud et ces éditions ont été parmi les plus difficiles car là-bas c’est l’été et nous sommes passés de la canicule des plaines à la glace des hauteurs. Maintenant on court en Arabie Saoudite et on est effectivement dans le désert, un peu comme en Afrique, mais dans un contexte hyper moderne : maintenant on est au pays du pétrole ».
Il est encore extrêmement rapide et compétitif aujourd’hui. Pourriez-vous nous révéler votre secret ?
« Si je devais courir en motocross ou en vitesse, je n’aurais certainement pas de résultats mais le Dakar, c’est un peu comme un marathon : il faut savoir mesurer sa force et il faut beaucoup d’expérience. Pour moi, l’important est de continuer, d’essayer de ne pas tomber ou d’en faire le moins possible. Peut-être que l’un de mes secrets est aussi la connaissance des langues. Je parle anglais, français, espagnol et un peu d’arabe et est extrêmement utile dans les compétitions de ce type. De plus, j’ai toujours de nouveaux objectifs et de nouvelles motivations ».
Regardez-vous toujours le classement ou est-ce l’essentiel pour vous d’atteindre la ligne d’arrivée ?
« A soixante-six ans, il serait absurde de penser qu’on peut se battre pour la victoire au général, pourtant il y a les classements par catégorie. Je fais partie des « Vétérans », les plus de 45 ans et je suis en tête. Je vise le succès chez les « Vétérans ». En plaisantant, j’ai dit qu’ils pourraient mettre en place le « Super Vétéran » pour les plus de soixante-cinq ans mais ils ne le font pas car il n’y a pas d’adhérents, je serais le seul ».
Maintenant, le Dakar 2023 l’attend, toujours avec Fantic?
« Oui, mais plus avec le prototype comme l’an dernier mais avec une moto complètement différente, commercialisable, et c’est aussi un beau défi. Mais j’attends avec impatience, le Dakar 2024 qui sera mon trentième donc je n’ai pas pu le faire. En 2025, en revanche, les 40 ans de mon premier Dakar auront lieu et je veux y être. Ici, j’ai déjà les raisons de participer au Dakar jusqu’en 2025 au moins ».