Il fera ses débuts à temps plein en 2023, mais Philippe Farioli a déjà l’occasion de se tester ce week-end. Un cadeau de l’équipe Aspar à la fin d’une saison JuniorGP clôturée en troisième position, avec le plus grand nombre de podiums après le champion Rueda. En plus de quelques futurs tests effectués pour KTM lors des quarts de travail des différents week-ends. Il s’est également présenté à la Rookies Cup, même si parfois quelque chose ne s’est pas déroulé comme prévu. Après un « Mauvaise saison », comme il a lui-même défini 2021, une croissance exponentielle qui lui a valu le pass pour le Championnat du Monde Moto3. Comment s’est passée la signature avec KTM Tech3 ? Qu’attendez-vous des débuts à Valence ? Ceci et bien plus encore : c’est ce que Filippo Farioli nous a dit avant le week-end à Ricardo Tormo.
Première mondiale en avance, ce week-end vous êtes à Valence.
Je ne m’y attendais pas, mais wow ! Faire la wild card à Valence après la manche CEV est très positif, je suis vraiment excité. C’est quelque chose pour lequel je me suis toujours battu pour que ça devienne réalité, avoir une chance cette année déjà, savourer ce qui sera l’année prochaine, c’est encore plus spécial. Ce sera la dernière course avec l’équipe Aspar, j’aimerais finir en beauté avec eux.
Un beau prix après la dernière manche JuniorGP du week-end dernier.
Dommage de ne pas avoir terminé 2e du championnat, mais j’ai conscience d’avoir fait une belle saison. Je suis le deuxième pilote avec le plus de podiums après Rueda ! Puis cette année j’ai remporté ma première victoire chez moi. Cependant, j’aurais aimé obtenir la deuxième victoire à Valence, mais surtout dans la course 2 avec le drapeau rouge, je n’ai pas pu la ramener à la maison. J’avais prévu les derniers tours différemment, mais ce sont des imprévus et à ce moment-là je suis passé 3e sur la ligne d’arrivée, puis 2e pour la pénalité à Lunetta. Mais au final, ce fut un week-end très positif.
Un dimanche qui a commencé en montée compte tenu de la pénalité.
En fait je l’ai pris bêtement : j’attendais que ceux derrière partent pour tourner tout seuls, mais j’ai fait six secteurs lents. Alors ils m’ont donné la double pénalité : partir du bas et Long Lap Penalty. J’aurais pu le gérer différemment, mais j’ai fait cette erreur à la place. Dimanche matin au warm up j’avais signé le premier temps, mais en faisant des tours tout seul pour avoir un bon rythme et démarrer fort en Course 1. C’était comme ça : au premier tour j’étais déjà 8ème/9ème [da 21° in griglia, ndr] et j’ai tout de suite servi le Long Lap au bon moment, en évitant de revenir au milieu du groupe et en fait de fuir mes poursuivants. Je voulais y aller seul, fixer mon rythme et reprendre ceux qui étaient devant. Quand je me suis relevé j’ai vu que Voight, Lunetta et Ferrandez s’étaient déjà détachés, je les ai passés et j’ai récupéré encore une seconde et demie sur le premier.
Une finition âprement disputée pour le podium.
Dans les trois derniers tours, j’ai beaucoup souffert avec les pneus : j’avais poussé pendant toute la course et évidemment c’était fini. Pourtant, j’ai essayé de me mettre en troisième position, dans le dernier tour j’ai vu que je ne pouvais pas faire plus : j’ai souffert au freinage, aussi bien avec les pneus avant qu’avec les pneus arrière. Au dernier virage je me suis dit d’attendre, au cas où quelque chose arriverait : je me suis préparé large puis je me suis lancé avec vitesse dans la ligne droite. En fait, Alonso a fait une manœuvre que je n’ai toujours pas comprise… Un peu de chance et je termine 3ème ! Un peu déçu cependant car Salvador, mon rival pour la deuxième place, a gagné. Il était vraiment bon, il a eu trop de chance car sans le contact d’Alonso, il a peut-être perdu le podium. Mais il en a profité et a profité de l’occasion. Mais c’était aussi une motivation pour moi, même si je savais que c’était devenu très difficile de finir 2e : après la Course 1 j’avais 24 points de retard. Mais la seule pensée était d’essayer de gagner la Course 2, de terminer avec un autre succès de saison.
La deuxième course a plutôt commencé à partir de la 6e place.
Je l’avais très bien étudié. J’étais calme, toujours là parmi les premiers et j’avais bien géré les pneus. Mon objectif était de prendre de l’avance dans les 4-5 derniers tours : avant je restais 3e, 2e, sans en faire trop. Almansa était devant et avait un peu d’avance, puis je suis allé le chercher, mais au virage 2, il s’est écrasé. Et puis il y a eu aussi des incompréhensions, j’étais un peu énervé parce que je me disais « Mec, quelqu’un qui est tombé ne peut pas gagner ! » Mais le règlement est comme ça, il devait remonter sur le vélo dans les 5 minutes. Ce n’est que plus tard que j’ai compris qu’ils lui avaient donné le drapeau rouge parce que Morosi avait cassé le moteur. Il était sorti de la ligne, mais 4-5 coureurs sont allés longtemps et ont plein d’huile. Ainsi qu’Almansa, le seul de notre groupe des premiers qui est sorti large à ce moment-là.
En fait, on t’a vu un peu en colère en fin de course.
Un petit goût amer dans la bouche, je voulais gagner… Mais il y a aussi une autre chose que je ne savais pas et qu’ils m’ont dite plus tard. Puis en début de course, quand Ruda est parti haut, Salvador et moi sommes partis large, lui bien plus que moi. S’il était loin derrière, j’avais une chance de finir 2e du championnat. Mais je ne l’ai pas vu, j’ai pensé à un zéro et donc je visais la victoire pour le dépasser. Puis au garage on m’a dit qu’il n’avait pas eu de chute et je me suis calmé, d’accord. Almansa s’est occupée du karma : lors du premier week-end à Valence, je l’avais abattu, cette fois la chance a tourné en sa faveur.
Un peu de colère initiale, mais dans l’ensemble, vous n’avez pas grand-chose à vous reprocher.
Non, en fait, je suis très satisfait de la saison que nous avons faite. C’est quelque chose qui me motive tellement, je ne m’y attendais pas. On a commencé avec une équipe au top, mais on arrivait depuis une année pas mal, plus. Ce fut l’une des années fondamentales pour pouvoir faire le saut dans le championnat du monde. Notre attente était de bien faire, mais tout au plus quelques podiums après cette saison : je m’étais fixé le top 5.
Une saison de croissance.
J’ai fait une bonne course à Estoril, mais je pense que le tournant a été la chute de la Course 1 lors de la première manche à Valence. Ça a été une course fantastique : une erreur dans le premier tour, puis la remontée et j’étais devant. Mais cette erreur m’a vraiment fait comprendre beaucoup de choses : l’importance de tourner seul, d’être devant la course, comment il fallait gérer… Ça m’a fait réfléchir et comprendre ce que j’ai ensuite emporté avec moi jusqu’à la deuxième manche à Valence. Il faut dire aussi qu’entre Portimao et Jerez j’avais pris la moto neuve, donc c’était tout à comprendre. Puis à Misano ce fut un week-end fantastique, la première victoire est chez moi ! Même en Aragon, tout s’est bien passé, jusqu’à dimanche : même maintenant, je ne peux pas expliquer ce qui s’est passé, je ne pouvais pas conduire comme je le voulais.
Vous vous êtes ensuite rattrapé en finale du championnat à Valence.
C’est ma « course à domicile en Espagne ». Cependant, il faut dire que Valence est une piste bien étrange par rapport aux autres. Ce n’est pas le plus simple, en effet c’est compliqué de pouvoir aller vite. Au final un autre objectif du week-end était de finir en 1h39 et j’ai réussi à le faire en course ! Autre aspect positif en vue du week-end mondial, peut-être pourrons-nous aussi rouler en 38. La piste est cependant beaucoup, beaucoup plus lente que les autres années : elle n’a plus beaucoup d’adhérence et est aussi pleine de trous, cette est parce que les voitures. Tourner en 39 a été vraiment difficile ! L’année dernière, cependant, la pole du CEV était de 38,7, au Championnat du monde de 38,6 à Acosta. Mais là le problème sera d’arriver vite à l’heure.
Une des nombreuses découvertes pour vous, un format différent de celui auquel vous êtes habitué.
Nel CEV hai il giovedì ed il venerdì per girare, sabato non hai il discorso di giocarti l’accesso alle qualifiche 2… Nel Mondiale è tutto più veloce e difficile, ci sono meno turni per girare e capire la moto, oltre al numero limitato di pneus. Par exemple, entrer le vendredi matin avec le double H, pour moi ce sera une nouveauté car je n’ai jamais utilisé le H. Mais cela m’aidera certainement beaucoup pour l’année prochaine, je vous rapprocherai un peu, même si en 2023 nous aurons encore moins de temps. Ce sera un point fondamental pour me faire déjà comprendre ce qui m’attend.
Cette différence de temps de piste sera-t-elle un inconvénient ou non ?
A mon avis ce sera moins compliqué qu’un circuit que je n’ai jamais vu cette année. J’aime Valence, je n’y ai joué qu’un week-end et j’ai aussi testé là-bas. J’ai couru avec les deux motos, de Jerez puis j’ai commencé à utiliser le prototype 2024, comme celui avec lequel David Alonso a couru depuis l’année dernière. Cela ne m’a pas aidé, car pendant les quarts de travail, si KTM en avait besoin, je devais toujours essayer quelque chose de nouveau. À Valence, j’ai roulé à la fois avec le vélo 2021, que j’utiliserai à nouveau ce week-end, et avec le prototype 2024, que j’ai presque toujours utilisé le week-end dernier, sauf pour la séance du jeudi. Au Championnat du Monde, j’utiliserai la moto CEV : au niveau du moteur il y a beaucoup de différence, mais je pense que c’est le seul handicap, pour le reste je suis calme et motivé.
Quel sera l’objectif du GP ?
Je n’ai pas d’objectif précis : c’est une wild card, ma première course mondiale. Je n’ai rien à prouver, sauf à moi-même pour voir où j’en suis. Mais je dois avant tout profiter du prix, de l’opportunité qu’Aspar m’a donnée après cette saison, et je vais essayer d’en tirer le maximum. Pour mieux préparer l’année prochaine et les premiers essais. Bien sûr, ce serait bien de se battre pour les points ou pour le top 10, mais un objectif difficile. Mais il y a deux ans, Artigas, qui faisait ses débuts après la course CEV, terminait 2ème ! Ce n’est pas si impossible… Le niveau est pourtant très relevé, les chronos seront très rapides et il faut comprendre sur quelle base on se situe, parcourir un maximum de kilomètres et regarder ce que font mes coéquipiers. Mais si je fais comme au CEV, les résultats viendront.
Qui regarderez-vous le plus ? En plus de vos coéquipiers Guevara et Garcia.
Celui que j’attends est Holgado, Dani est vraiment fort sur cette piste. Outre certainement Guevara et Garcia, un autre coureur rapide sera certainement Sasaki. Evidemment je regarde plus les gars de KTM, pour prendre quelques références. Ensuite, je devrai essayer d’accélérer le rythme par moi-même déjà en FP1, comme je l’ai fait en CEV, et en FP2, avec le deuxième pneu neuf, chercher du temps pour Q2. Y entrer sera un objectif, après on verra. Valence…