Le retour d’Andrea Iannone sur la piste pendant quatre ans d’obscurité est une histoire fantastique en soi. On parle d’un talent qui avait fait de grandes choses en MotoGP, pour ensuite se heurter aux flèches de la justice sportive pour l’affaire litigieuse de prise de substances prohibées en fin de saison 2019. D’autant plus si l’étape du rachat était le championnat du monde de Superbike. C’est-à-dire un championnat toujours réservé aux motards endurcis, tant du côté des pilotes que du côté du public. Un milieu loin de la jet set, de l’influence, des ragots. Dans le paddock, on entend encore beaucoup parler de vélos. La course se termine et, dans l’hospitalité Yamaha, ils mettent la table pour les atouts. Remo Gobbi, M. Pata, l’un des sponsors les plus généreux qui soit, tient le terrain. Au cours des quatre dernières années, Iannone s’est maintenu visible dans différents mondes, dansant sous les étoiles au bras de filles célèbres. Le voir ici au milieu serait fascinant. Cela veut dire que sous ce physique d’acteur, le cœur d’un pilote bat encore. Vrai.
Sympa, mais qui paie ?
La question a été soulevée par Ivo Schutzbach, un journaliste allemand faisant autorité et bien informé. « Andrea Iannone rêve de relancer sa carrière en World Superbike. Les médias italiens font la fête mais oublient le plus important : qui paie les dépenses ? La question n’a aucun sens, en effet c’est le point d’appui de tout. Iannone teste le terrain au sein de Ducati depuis un certain temps et pour la formation, il a obtenu le soutien total de Michele Pirro et de sa structure. C’est le testeur de Borgo Panigale, donc il ne pouvait pas se permettre de gérer une entreprise comme celle-ci »difficile», pour ce que représente Iannone, sans le feu vert de Ducati. Si Alvaro Bautista, 39 ans, avait annoncé sa retraite à l’issue de cette année 2023 triomphale, la voie aurait été tracée. Avec Iannone et un jeune rampant (Nicolo Bulega), le sponsor-propriétaire Aruba aurait mis en place une combinaison de glamour et de perspective. Mais Alvarito ne baissera pas les bras, il continuera également en 2024. Mettre un client inconfortable à côté de lui, ne serait-ce qu’à cause de l’encombrement médiatique, est hors de question. Les équipes satellites restent donc.
Il faut un million d’euros rien que pour les motos
Il y en a trois sur la grille à ce jour : Go Eleven, Barni et Motocorsa. L’analyse de Schutzbach est d’un point de vue teutonique sévère, mais acceptable. « Faire fonctionner une Ducati V4 R entre les voyages, l’immatriculation et tout le reste coûte au moins un million d’euros, si vous voulez faire au moins quelques tests et ne manquez pas de pièces de rechange. Motocorsa a laissé de la place sur la moto et sur la combinaison aux sponsors d’Axel Bassani, ce qui aide donc l’équipe à avancer. Pas même Barni (L’équipe de Danilo Petrucci, ndlr) semble naviguer dans l’or. C’est dur de penser que Iannone peut apporter un million de sponsors à une équipe privée ». Si Petrucci reste là où il est, il est difficile de faire l’hypothèse que Barni soit capable de gérer un double engagement de cette ampleur. Schutzbach est caustique : «Les spéculations ont été alimentées par des déclarations hâtives des propriétaires des deux équipes (Lorenzo Mauri et Marco Barnabò, éd.). Évidemment, ils sont tous contents de voir leur activité associée à un ex MotoGP de premier ordre.
Pain, amour et fantaisie
Vue d’Allemagne, la succession de rumeurs sur la possibilité qu’Andrea Iannone puisse courir en Championnat du Monde Superbike semble, à ce jour, n’être qu’un vain bavardage. A l’étranger, ils nous voient encore – parfois à juste titre – comme des sans le sou en proie à la folie des grandeurs. En Italie on parle de construire des ouvrages pharaoniques, et il n’y a personne qui nettoie les bouches d’égout quand il pleut. Ce que le bon Ivo ne considère pas, c’est la capacité italienne à toujours s’en sortir, d’une certaine manière. Gagner de l’argent là où il n’y en a pas est une spécialité nationale. Nous sommes le pays le plus endetté d’Europe et celui qui a la meilleure qualité de vie. Si nous mettons une chose dans nos têtes, à la fin cela réussit. Si Iannone, Ducati et Superbike ont décidé de se marier, une solution sera trouvée.
Aide-toi quelqu’un t’aide…
Marc Van der Straten, monsieur Stella Artois, est un homme d’affaires très riche et mécène de la moto depuis 2009. Son équipe Marc VDS a gravi toutes les marches, jusqu’au MotoGP. Désormais, il dicte la loi en Moto2. Marina Rossi, le bras droit de VDS, a récemment demandé à Ducati la disponibilité d’une moto pour atterrir en Superbike. Dans les plans, le Britannique Sam Lowes le mènera, qui en Moto2 est désormais associé au très rapide Tony Arbolino. Doubler l’effort pour IA29 ? Le comte Van der Straten, s’il le veut, le peut. L’argent est là, il suffit de demander à celui qui l’a.
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