Lucio Pedercini fréquente le paddock depuis son enfance, lorsqu’il avait quatorze ans et mille rêves. Il a participé à plus de soixante-dix Grands Prix MotoGP dans la catégorie 500 et près de deux cents en tant que pilote World Superbike. Il se consacre ensuite à plein temps au poste de team manager. La moto a donc toujours été sa vie. Il traverse désormais l’une des périodes les plus compliquées de sa carrière et fait de son mieux pour tenter d’avancer. TPR Pedercini Racing ne participera pas aux deux prochaines manches du Championnat du Monde Superbike. Son objectif est d’essayer d’être présent à Misano. Pour le moment, il préfère ne pas penser à l’idée d’abandonner, mais dans la vie il n’y a pas de certitudes absolues et Lucio Pedercini le sait bien, comme il le dit à Corsedimoto.
Lucio Pedercini : le mea culpa
«C’est une période très difficile. Malheureusement, je suis une personne démodée, de ceux pour qui un mot, une poignée de main suffit, non seulement dans le travail mais dans la vie en général. Ces dernières années, j’ai toujours fait confiance aux promesses, je me suis laissé tromper et souvent je me suis retrouvé sans rien entre les mains. C’est maintenant un monde de requins et ils sont tous prêts à vous dévorer. J’ai commis une erreur, je l’avoue, à cause de mon énorme passion pour mon travail. Le travail qui est ma vie. Je ne suis pas dans la course pour devenir riche, bien au contraire. Si j’ai quelque chose à investir dans l’équipe, je n’ai vraiment besoin que du strict minimum pour moi et ma famille.”
Quand il s’agissait du forfait de Barcelone et d’Assen.
« J’espérais pouvoir être présent jusqu’au bout, jusqu’à il y a quelques jours. C’est vrai, nous n’avons pas fait les tests mais ce n’était pas logique de les faire si on n’avait pas la certitude de concourir aussi parce que chaque fois qu’on part faire un tour il y a des coûts à supporter. Si le budget que j’espérais était arrivé, nous aurions organisé des tests même au dernier moment. Maintenant, nous allons essayer d’être présents à Misano, faire quelques tests d’abord et nous présenter avec une structure à la hauteur. C’est important d’être là à Misano mais d’une certaine manière, sinon ça n’a aucun sens. Nous sommes concentrés pour le faire et participer à tous les autres à partir de juin : ce ne serait pas mal, la saison serait dans la lignée d’une autre dans laquelle nous avions sauté les voyages non européens.
Lucio Pedercini : l’entrepreneur et l’homme
« Malheureusement, je ne suis pas très bon en tant qu’entrepreneur, je l’admets, je le reconnais. Un bon entrepreneur utilise toujours la rationalité, fait des choix plus logiques, tandis que je me laisse emporter par mon cœur, par la passion, par l’envie d’aller de l’avant. Un véritable entrepreneur se serait probablement déjà arrêté. Pour ma part, je n’arrive pas à dormir rien qu’en pensant ne pas être au départ à Barcelone et à Assen. En ce moment, je suis déçu, triste, navré. Je sais que ceux qui ne sont pas passionnés comme moi ont du mal à comprendre certaines choses et peut-être que les critiques vont pleuvoir sur moi, mais j’ai vraiment du mal, sur le plan humain, à quitter le motocyclisme. Je suis conscient que mon équipe n’est pas attractive tant pour les résultats récents que pour la moto. Peut-être qu’il serait plus logique d’arrêter ou au moins de prendre un congé sabbatique mais comment faire ? Je souffrirais trop. J’essaie de résister puis si ça se passait mal j’abandonnerais clairement car de toute façon je dois penser à ma famille et à mes enfants.”
Le CIV n’est pas une option possible : c’est la raison
« Il m’est arrivé de penser à d’autres championnats, je ne le nierai pas. Pourquoi je ne fais pas le CIV ? J’ai une Kawasaki et je ne pourrais pas le faire avec ma moto. Il serait impensable de le mettre en configuration stock, de changer la centrale et tout le reste. Sur le plan technique, je devrais repartir de zéro avec un autre constructeur de motos et donc les coûts seraient très élevés”.



