En 2024, le CIV accueillera à nouveau (au moins) un pilote japonais. Tout juste sorti de son renouvellement avec Axon Seven Team pour le Supersport, Shogo Kawasaki poursuivra la (longue) tradition des porte-drapeaux du Soleil Levant au début du championnat italien. Une coutume qui trouve ses racines depuis les premières années du nouveau millénaire, lorsque les Championnats italiens de vitesse de l’époque ont changé leur nom pour devenir le Championnat italien de vitesse tel que nous le connaissons aujourd’hui. Les présences sont nombreuses Tout le Japon se succèdent au fil des décennies, plus ou moins réussies et certaines assez prestigieuses. Démontrant l’intérêt porté au motocyclisme pratiqué dans le Bel Paese.
Kawasaki renouvelle la tradition All Japan au CIV
Shogo Kawasaki sur la Yamaha R6 de l’équipe Axon Seven
Élevé à la Suzuka Racing School, en passant par l’Asia Talent Cup, Shogo Kawasaki a trouvé une deuxième maison en Italie. À l’exception de 2020 (bloqué au Japon pour cause de pandémie) et 2021 (avec MotoZoo Racing Kawasaki dans le Championnat du Monde Supersport), ces six dernières années, il a toujours participé au CIV. D’abord en Supersport 300 puis en Supersport, avec notamment quelques places dans les points. Installé à temps plein dans la région des Marches depuis plus d’un an, acquérant toujours plus de connaissances sur notre langue et notre culture locales, le jeune Chiba de vingt et un ans affrontera sa deuxième saison consécutive avec l’équipe Axon Seven en 2024. Une confiance qu’il entend rembourser avec intérêts pour continuer à poursuivre le rêve de revenir, un jour, au cirque du World Superbike.
Kuzuhara le premier Japonais au CIV
Le précurseur (et à ce jour aussi le plus titré) des motocyclistes japonais dans le contexte du CIV s’appelle Hiroaki Kuzuhara. Faisant partie intégrante des programmes Honda Motor Co. pendant environ quatre ans, la glorieuse équipe Grillini Racing de l’homonyme Andrea Grillini l’a récupéré en 2006 après les bonnes compétences de vitesse démontrées dans la All Japan 125cc. Aidé par une RS 125 R hyper performante, il n’a pas déçu du tout pour ses débuts dans le Grand Prix 125 Marvic : deux poles, autant de victoires (par écart) et un podium lors des trois premières courses. Mais avec une valeur purement statistique puisque, comme l’exigeait la réglementation de l’époque, les étrangers ne pouvaient pas marquer de points.
Hiroaki Kuzuhara
Des performances qui, en deuxième partie de saison, ont convaincu Aki Ajo de lui offrir une chance de championnat du monde à la place de Tomoyoshi Koyama, blessé, sans toutefois être à la hauteur des attentes. Grâce aux concomitances, Kuzuhara n’a disputé qu’une seule autre course en CIV, probablement plus conforme à ses caractéristiques, montant sur le podium dans cette circonstance également. Avant de décider, seulement deux ans plus tard, de changer de vie pour pratiquer des compétitions de voile avec son frère !
Déceptions et météores de tout le Japon
Quelques années plus tard, le Grillini Racing Team a tenté de recréer l’axe gagnant avec le Soleil Levant, en investissant dans la figure de Toshimitsu Gondo. Le natif d’Osaka a pris un bon départ avec une pole et un podium lors de la première course saisonnière du CIV 125GP 2010 à Vallelunga. Cependant, les attentes ont progressivement diminué dans les versions ultérieures, lorsqu’il n’a pas atteint les mêmes niveaux de compétitivité que son prédécesseur Kuzuhara.
Toshimitsu Gondo (à gauche) et Hiroki Ono (à droite), porte-drapeaux du Soleil Levant au CIV 2010
Un exploit qui est resté tel, suivi d’une poignée de top 10 en 2011 alternant entre Rumi GP Team et Ellegi Racing. Ceux qui n’ont vraiment pas laissé de trace sont Ryogo Iwata et Tsubasa Suzuki. Porteur du MotoZoo Racing Team au cours de la période de deux ans 2018-19, pour tous deux un record de médiocrité absolue dans le CIV Supersport 300. En fait, des météores… pour ensuite chercher une nouvelle fortune dans leur pays d’origine.
Gymnase mondial CIV
Terre de conquête et de passage, pour d’autres encore le CIV a été un véritable tremplin de (re)lance. C’est le cas d’Hiroki Ono. Fraîchement sorti de deux troisièmes places consécutives en All Japan 125cc, il a dû se rabattre en 2010 sur le CIV 125GP faute d’avoir réussi à atteindre le CEV. Pas mal puisque le petit constructeur bergamasque, Rumi, a décidé de lui confier le développement de son prototype en prévision d’un hypothétique retour aux GP (qui ne s’est finalement jamais concrétisé). Malgré une course de moins que ses rivaux, il termine cinquième, devant de nombreuses Aprilia et Honda, avec des designs nettement plus éprouvés. Avec le “perle” représenté par la troisième place à Misano sous la pluie.
Hiroki Ono devant son coéquipier Kevin Calia sous l’averse de Misano
Embauché par Caretta Technology pour le Championnat du Monde 125cc 2011, il a été remplacé en cours de construction faute de résultats, revenant au CIV 125GP pour la dernière partie de la saison. Encore une fois avec Rumi, remplaçant (ironiquement) le Gondo susmentionné, montant sur le podium à Vallelunga. Un petit-grand rétablissement qui l’a ensuite amené à triompher dans l’Asia Dream Cup 2013 et, surtout, à participer au Championnat du Monde Moto3 au cours de la période de deux ans 2015-16.
Le chant du cygne du mythe de « Nitronori » Haga
Il n’a peut-être pas fait sensation sur le plan sportif, mais sa participation a incontestablement enrichi l’histoire des pilotes japonais au CIV. Ayant quitté la scène mondiale en 2013, Noriyuki Haga s’est mis d’accord avec AG Motorsport Yamaha Italia pour une participation à la dernière manche du Supersport 2017 à Vallelunga (où lors du WSBK 2008 il a réalisé un doublé péremptoire). À l’âge vénérable de 42 ans, il a démontré qu’il n’avait pas perdu le rythme de ses jours dorés, à tel point qu’il a décroché quelques places en marge du top 10, restant parfois sur le podium pendant la course. 2.
Noriyuki Haga en selle sur la Yamaha R6 d’AG Motorsport Italia
Le partenariat étant prolongé jusqu’à l’année suivante, Haga a participé à la série de manière permanente avec son inimitable numéro 41 après quelques saisons de participation au Championnat d’Asie de courses sur route. Malgré l’attrait, le retour sur le Vieux Continent ne s’est pas révélé aussi excitant : seizième du championnat avec deux septièmes places comme meilleurs résultats. En fait, cela représentait le dernier éclair de la carrière mémorable du funambule. “Nitronori”l’un des personnages les plus “rock star” et apprécié des passionnés. Toujours en mesure de figurer parmi les pilotes les plus prolifiques du Championnat du Monde Superbike.
Toute la famille Haga
Des décennies de compétitions, mais un dévouement et une passion loin d’être endormis pour Haga qui, en même temps, a suivi de près l’évolution compétitive de ses fils Akito (né en 2002) et Ryota (2003). Dans sa propre formation, sous l’aile protectrice de son père (voir photo d’ouverture) ils ont participé au Supersport 300, Ryota étant même passé tout près du podium lors de la Course 1 du Mugello 2 2017. Pour 2019, tous deux ont progressé en 600cc avec le MotoZoo Racing Team Yamaha, sans toutefois enregistrer de détails précis. Ayant de nouveau quitté leur patrie, ils « Frères Haga » continuent de faire leurs armes dans le All Japan Road Racing Championship : Akito a récemment fait ses débuts en JSB1000 (Superbike), tandis que Ryota se porte bien en ST600 (Supersport). Et avec quelle équipe pourraient-ils courir si ce n’est la Nitro Racing Team… dirigée par papa Noriyuki et oncle Kensuke, lui-même ancien coureur (malheureusement contraint de vivre en fauteuil roulant à cause d’un accident).
Fréquentation ponctuelle et événements inattendus
Dans cette tradition particulière, les présences dites ponctuelles ne manquent pas. A commencer par Kazuma Tsuda, le frère de Takuya (ancien pilote d’essais Suzuki MotoGP). A l’invitation d’Aprilia, dont il était porte-drapeau du All Japan Superbike, il a participé à la course finale du CIV Superstock 1000 2010 au Mugello avec une RSV4 préparée par l’Ecodem Racing Team, aux côtés du champion de la catégorie Ivan Goi. Qualifié dix-neuvième sur 26 partants (pas mal car il ne connaissait pas le championnat, les pneus Pirelli et la piste), il a dû abandonner tôt dans la course.
Kazuma Tsuda aux couleurs d’Ecodem Racing Team Aprilia
Discours similaire pour Tatsuki Suzuki, visage bien connu du Championnat du Monde Moto3. Celui qui était alors pilote du SIC58 Squadra Corse a été le protagoniste d’un événement plutôt singulier et, à certains égards, traumatisant lors de l’étape d’été de Misano 2017. Inscrit au CIV Moto3 en vue de préparer les épreuves internationales ultérieures, grâce à l’interdiction (incompréhensible) imposée par la maison mère d’utiliser la Honda NSF 250 R, Paolo Simoncelli a finalement… dépoussiéré une KTM RC 250 GP 2014 de son garage ! Pas la meilleure vie pour Suzuki qui, face à l’inattendu (et à une moto qu’il n’avait jamais essayée auparavant), a réussi à se qualifier troisième sur la grille, terminant troisième de la Course 1 derrière Nepa et Zannoni.
Apparitions les plus récentes via All Japan
Une pincée de regret pour un pilote qui, avec le recul, aurait pu laisser sa trace. En tant que champion en titre du All Japan ST600, Yuki Okamoto s’est inscrit au milieu du scepticisme général au CIV Supersport 2019 avec le MotoZoo Racing Team Yamaha (et les frères Haga comme coéquipiers). Contre toute attente, il a immédiatement défrayé la chronique en prenant une surprenante quatrième place lors de la première course de la saison à Misano. D’autres classements notables ont suivi, comptant pour la douzième place du championnat. Resté confiné au Japon en raison de l’apparition de la pandémie, Okamoto est aujourd’hui devenu l’un des visages références du championnat national japonais : il a remporté son deuxième titre en ST600 avec (retourdissement historique) le Nitro Racing Team, cette année il s’est classé deuxième dans la catégorie supérieure JSB1000 avec l’équipe de référence Yamaha derrière l’intemporel Nakasuga.
Yuki Okamoto occupé avec la Yamaha R6 du MotoZoo Racing Team
Les dernières apparitions japonaises, outre Shogo Kawasaki, remontent à 2022. Attendu pour disputer le double engagement World Supersport et World Endurance en 2024, Hikari Okubo a défendu les couleurs de RM Racing Kawasaki lors des deux dernières manches du CIV Supersport, réalisant trois top 10. Enfin, il convient de mentionner le bébé Jean Kento Turner, classé dix-neuvième avec 12 points dans la classe d’entrée PreMoto3 sous la bannière Bucci Moto Factory.
Crédit photo : civ.tv, Dani Guazzetti, site internet