di Olena Champlain/paddock-gp
Le documentaire « Marc Marquez ALL IN » nous offre de nombreux moments passionnants, ainsi que quelques révélations sur l’octuple champion du monde. Dans l’histoire il y a aussi son calvaire, depuis sa chute à Jerez en 2020 jusqu’à aujourd’hui. De cette période on se souvient aussi de son highside effrayant lors du warm up du Grand Prix d’Indonésie. Un véritable « lancement » de sa RC213V, avec un atterrissage très dur sur l’asphalte d’où il s’est relevé en titubant, miraculeusement sans fractures. Mais il a fallu l’intervention directe et humaine de son frère Alex pour arrêter un massacre qui pourrait se poursuivre dans la course. D’une part c’est certes un témoignage poignant, mais d’autre part c’est aussi inquiétant quant à l’organisation générale. En fait, il semble que, tant dans le paddock qu’au sein de l’équipe, ils n’aient même pas pensé une seconde à protéger le coureur.
L’épisode indonésien est raconté dans le documentaire. Après l’incident du warm-up à Mandalika, Marc Marquez semble avoir décidé de disputer malgré tout le Grand Prix d’Indonésie. Le dialogue qui suit en dit long… « Quand je me suis remis sur les rails, je ne voyais toujours pas double »pilote #93 raconté dans le documentaire. « Je voulais courir, mais mon frère m’a dit : « Ne cours pas ». Et pour cause : les commotions cérébrales sont un gros problème, tout comme les blessures aux bras. La diplopie tant redoutée pouvait alors apparaître à tout moment, puisqu’elle s’est effectivement produite quelques heures plus tard…
Alex Marquez a écrit : « J’ai vu où sa tête a heurté. Je me suis dit : ‘J’ai un mauvais pressentiment. Après l’échauffement, je pensais qu’il n’allait pas courir. J’étais dans son bureau et je me souviens que le chef d’équipe Santi Hernandez est venu dire « Tout est prêt ». C’est son travail. » Mais à ce moment-là, Alex Marquez a brusquement arrêté le chronomètre : « À ce moment-là, j’ai pensé « Non » et je lui ai tenu tête. J’ai dit: « Écoute, Marc ne court pas ». Il y a plusieurs races, mais une seule vie. Aujourd’hui tu ferais une erreur ». Et il ajoute : « Il ne semblait pas vouloir s’enfuir, mais il avait besoin de quelqu’un pour le calmer et lui dire « Tu n’as pas à courir »”. Un dernier constat qui suscite encore des interrogations sur la gestion au sein de l’équipe. En plus des autres acteurs du MotoGP, qui jusqu’à présent on s’imaginait toujours soucieux de l’intégrité d’un pilote.
Dans le documentaire Marc Marquez complète alors l’intervention de son jeune frère avec ses souvenirs. « Il a dit: ‘Tu ne peux pas sortir, t’as pris une claque là-bas, c’est impossible’. La diplopie s’est aggravée et j’ai dit : « D’accord, je ne cours pas ». La chute a été dure, je voyais double ». Cependant, Marc Marquez ajoute : «Mais ce n’était pas aussi grave que les autres chutes. » En 2023, un protocole de commotion cérébrale dans les Grands Prix entre enfin en vigueur. Mieux vaut tard que jamais, j’espère qu’il sera respecté. Cette question demeure : que se serait-il passé si Alex Marquez n’était pas intervenu directement auprès de son frère aîné ?
Photo: Instagram-Alex Marquez
L’article original sur paddock-gp