Pecco Bagnaia avait débuté avec les outsiders à la veille de ce Championnat du Monde MotoGP, à tel point que Ducati n’a pas hésité à renouveler son contrat avant de partir pour Losail. Après la brillante finale de la saison 2021, presque tout le monde le désignait comme le grand favori pour le titre 2022. Jusqu’aux premières chutes dictées par quelques erreurs personnelles et des retards techniques d’une Desmosedici GP22 qui n’avait pas encore fleuri. Au Sachsenring le point le plus difficile de la saison, avec un écart au classement porté à 91 points par Fabio Quartararo. “J’ai perdu la foi pendant une heure, la Coupe du monde m’a semblé finie, mais tout de suite après, j’ai recommencé à croire et à travailler“. Ici les images de la fête sur la place de Chivasso (par Enrico Grobberio)
Le retour record de Pecco Bagnaia
Le mentor Valentino Rossi, les membres de la famille et l’équipe de l’Académie ont pris soin de Pecco Bagnaia. “Je sentais le poids de tout un constructeur sur mes épaules, je voulais donner le championnat du monde à Ducati de toutes mes forces. J’en ai parlé à Valentino, il m’a répondu qu’il fallait simplement être fier pour pouvoir essayer, que ce n’est pas quelque chose qui arrive à tout le monde. Et pour s’amuser“. Le tournant a commencé à Assen avant la trêve estivale, mais ce n’est qu’à Silverstone qu’il a commencé à vraiment comprendre qu’un retour était possible. Le dépassement au classement MotoGP se déroule à Phillip Island, sous les yeux du deuxième conseiller spécial, Casey Stoner, le premier à donner le trône du championnat du monde à Ducati.
La course la plus difficile de Valence
Enfin, la course de Valence, la plus délicate et la plus difficile, une épreuve psychologique plutôt qu’une épreuve de vitesse. Dans un week-end où la Ducati GP22 a subi un poil plus que prévu, Pecco Bagnaia a joué la ruse en minant la Yamaha M1 de Fabio Quartararo, pour l’empêcher de rester dans le sillage du groupe de tête. “Au début c’était une belle bagarre avec Fabio, entre autres j’ai perdu un volet devant et j’ai fait un effort incroyable. Les derniers tours ont commencé à peser – dit le nouveau champion MotoGP -. J’ai galéré dans tous les bons virages, mais c’est pareil… Il faut être fier de ce qu’on a fait, pour venir ici et pouvoir se permettre un peu de marge… c’est vrai“.
Les premiers essais libres ont montré un état de souffrance, plus psychologique que technique, pour Pecco Bagnaia et Ducati. Il a eu du mal avec l’avant des Desmosedici, il était immédiatement clair que viser la victoire était impossible. “La meilleure chose a été l’échauffement, j’ai enlevé beaucoup de poids. J’ai beaucoup galéré pendant le week-end en général, j’avais peur de terminer 15ème – continue Pecco Bagnaia -. Puis on a repris le vélo habituel, je me sentais bien. On a fait une bonne stratégie au début, aller pincer un peu Fabio pour faire s’étirer les premiers. Même au prix de perdre un aileron“.
Quartararo-Bagnaia nouveaux héros du MotoGP
A partir d’aujourd’hui, le pilote turinois est devenu la fierté italienne, l’héritier de Valentino Rossi attendant de pouvoir ouvrir un cycle gagnant. Malgré quelques trop de critiques en première partie de championnat, quand les haters sur les réseaux sociaux ont rendu la vie un peu moins ensoleillée au jeune Bagnaia. Et malgré le fait que certains n’aiment pas la relation diplomatique hors des pistes entre Pecco et le champion en titre Quartararo. “Les gens parlent beaucoup, mais il faut toujours être soi-même. Nous avons montré que nous avions un respect mutuel avec Fabio, même si ce n’est pas facile entre ceux qui se battent pour le même objectif. Je suis fier d’avoir combattu pour le titre contre lui, il a été fantastique“.
Fabio Quartararo a ressenti le coup après le drapeau à damier, il y a cru malgré le fait que l’exploit valencien allait être très compliqué. Le Grand Prix avait bien commencé, il ne s’attendait sans doute pas à cette attaque insistante du rival Ducati. “J’ai tout donné, félicitations à Pecco. On s’amuse l’année prochaine», assure-t-il avec un sourire piquant. “Les gens disent que les coureurs d’aujourd’hui sont trop gentils, mais aujourd’hui, nous avons vu comment nous nous sommes battus. Sur la piste c’est la guerre, dehors c’est un sport comme un autre“.
Photo : MotoGP.com