A mi-parcours des vingt tours de course en Malaisie, Enea Bastianini a devancé Pecco Bagnaia, au sprint vers le titre MotoGP 2022. Des visages tendus de managers Ducati qui planent depuis de nombreux jours. Il y aura probablement aussi quelqu’un au sein de l’entreprise qui aurait préféré Jorge Martin, même si la musique n’aurait pas été différente après tout. Après le podium de dimanche, le ‘Bestia’ vise la troisième place au classement final, et pour l’atteindre il faudra finir devant l’Aprilia d’Aleix Espargarò.
Le duel Bagnaia-Bastianini
Quatre victoires (Losail, Austin, Le Mans, Aragon) et deux podiums (Misano et Sepang) sont déjà une excellente carte de visite pour entrer dans l’usine Ducati. Déjà en test MotoGP à Valence le 8 novembre, Enea Bastianini portera le rouge officiel et partagera le garage avec Pecco Bagnaia, compatriote, ancien compagnon de défis mais bientôt le premier rival à battre. Un duel qui a déjà commencé cette saison et qui a semé des doutes stériles sur les commandes de l’équipe. Au lieu de cela, la bataille s’est déroulée de manière impitoyable mais claire, à l’exception peut-être de ce dernier tour du GP de Malaisie. Enea avait des problèmes de traction, l’avant de sa Desmosedici GP21 avait tendance à se fermer, oser dépasser n’était pas un choix judicieux, aussi en vue de l’avenir. “Quand tu te bats avec un compatriote, avec qui tu devras partager le box l’année prochaine et qui court pour le titre, quelques idées d’avenir te traversent l’esprit. Je ne me suis pas retenu, mais j’avais aussi les yeux tournés vers l’avenir“.
La prochaine saison de MotoGP
La nouvelle aérodynamique rend les dépassements plus difficiles, mais Enea Bastianini n’a jamais reculé. Un concept qu’il a répété dans plusieurs interviews et qui laisse présager un spectacle époustouflant pour la prochaine saison MotoGP. “Je pense que ce sera amusant, mais aussi un défi. Je vais devoir m’adapter à la nouvelle moto et à la nouvelle équipe, les premières courses ne seront pas faciles, mais je me sens préparé et compétitif… Pour moi d’avoir [Pecco] dans les stands, ce sera un coup de pouce supplémentaire pour faire encore mieux“. Il n’y aura pas d’ingénieur en chef Alberto Giribuola pour le soutenir dans le garage, pas en excellentes relations avec la direction de Ducati. Marco Rigamonti, actuellement ingénieur piste de Johann Zarco, devra se charger d’assister le pilote romagnol.
Dépasser oui… dépasser non
Giribuola et Bastianini tenteront d’attraper le dernier but ensemble après deux saisons passionnantes en MotoGP. La troisième place au classement des pilotes serait un résultat prestigieux ainsi qu’un viatique pour les primes économiques. “C’était une course serrée, difficile, et si tu restes dans le sillage ça devient difficile de gérer l’avant – résume le contremaître Alberto ‘Pigiamino’ -. Les dépassements devenaient risqués, les pneus chutaient beaucoup dans la phase finale et l’avant avait tendance à se refermer un peu. Un concours de management sans exagérer et en ramenant le meilleur résultat possible. Il ne voulait pas dépasser la vie qu’il ne pourrait peut-être pas terminer“.
Au cours de la saison 2023, Enea Bastianini a toutes les références pour viser la Coupe du monde, mais Alberto sera sur l’autre front. “Je pensais qu’Enea pourrait déjà jouer le titre cette année, alors je le lui souhaite sincèrement“, a poursuivi Giribuola. “Nous avons créé une base avec Ducati qu’il pourra utiliser l’année prochaine et j’espère vraiment qu’il sera très fort“.