De Marc Sériau/paddock-gp
Hier, nous avons vu le dernier brevet déposé par Marco de Luca au nom de Piaggio & CSPA, destiné en théorie à protéger les applications commerciales des innovations développées par Aprilia en MotoGP.
Il s’agit de l’augmentation de la vitesse en virage grâce à l’appui généré par l’effet de sol. Mais celui qui s’est formé chez Lamborghini, Mercedes AMG et McLaren avant d’arriver chez Aprilia en 2019 n’en était pas à son coup d’essai. En fait, il détient déjà deux autres brevets liés à l’aérodynamique.
Ce qu’Aprilia avait déjà breveté
Ce dont nous parlons aujourd’hui concerne toujours la catégorie reine des Grand Prix. On ne parle ni plus ni moins de l’aileron arrière aperçu parfois sur l’Aprilia RS-GP. La demande de brevet a eu lieu un mois avant la demande d’effet de sol et a été finalisée en décembre 2023 sous le numéro #WO2023/238025A1.
Son objectif est toujours d’augmenter l’adhérence de la moto, cette fois non plus dans les virages à grande vitesse mais lors du freinage.
Le texte du brevet Aprilia
Un premier objectif de la présente invention est de proposer une moto comprenant une partie arrière équipée d’un becquet. Ladite partie arrière étant disposée au-dessus de la roue arrière et étant recouverte par un carénage, et ledit becquet étant fixé sur la face supérieure du carénage. De cette façon, le spoiler contribue à créer une force aérodynamique sur la roue arrière.
Cette force est particulièrement efficace en cas de freinage sur piste, c’est-à-dire de freinage brusque, et convient pour réduire le rebond de la roue arrière, améliorant ainsi l’adhérence de la moto et facilitant ainsi les virages. De plus, la charge plus importante créée sur la partie arrière de la moto est utile dans les sections droites et vallonnées, comme une descente, où la moto atteint une vitesse d’environ 350 km/h et aurait tendance à perdre de l’adhérence.
Cette solution permet également d’améliorer l’équilibre de la moto, et donc l’usure des pneumatiques. Une meilleure adhérence est également obtenue lors du freinage, lorsque les deux pneus sont en contact avec le sol.
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L’objectif visé n’est donc qu’un appui supplémentaire lors du freinage, ce qui différencie cette « invention » des ailerons de selle Ducati, qui devraient générer un appui dans les virages. Mais aussi de ceux de la KTM, qui auraient dû conduire à la quadrature du cercle, c’est-à-dire obtenir un effet de sol dans les virages et des appuis au freinage. Une solution testée à plusieurs reprises par Aprilia et pour l’instant également tentée très occasionnellement par Yamaha et Honda.
Comment peut-on breveter quelque chose qui existe dans les voitures depuis des siècles ?
En préambule le document précise : « La présente invention concerne le secteur de la moto. De préférence, la présente invention concerne les motos « de tourisme » ou « de route ». De manière encore plus préférée, la présente invention concerne les motos de course, notamment pour les compétitions de haut niveau telles que le MotoGP.
Puis l' »invention » est replacée dans son contexte historico-technique…
« L’application des appendices aérodynamiques est connue dans le secteur automobile. Le spoiler est un élément aérodynamique placé à l’arrière des véhicules et utilisé pour obtenir une meilleure adhérence. En particulier, le becquet a pour fonction d’augmenter l’appui aérodynamique du véhicule, augmentant ainsi le coefficient de traînée totale et garantissant ainsi une plus grande adhérence, aussi bien dans les virages qu’en ligne droite, notamment à grande vitesse.«
« Restant dans le secteur automobile, on connaît des spoilers de type fixes ou actifs. Ceux-ci sont conformés pour se déplacer entre une configuration rétractée, dans laquelle ils se trouvent à l’intérieur de la carrosserie de la partie arrière du véhicule, et une configuration ouverte, s’étendant sensiblement à partir de la carrosserie de la partie arrière du véhicule. En général, l’ouverture du becquet est commandée automatiquement en fonction de la vitesse du véhicule ; il est activé lorsqu’un certain seuil de vitesse est dépassé.
Aprilia « reprend » une invention
« Dans l’industrie de la moto, les motos de compétition comprennent une section arrière, également appelée dossier. La structure ou la forme du dossier aide à guider le flux d’air aérodynamique sur le carénage de la moto de l’avant vers l’arrière, afin de réduire la traînée aérodynamique. Un exemple est décrit dans le document EP2722264B1.
Restant dans le secteur des véhicules à deux roues, mais en référence aux scooters, l’application des spoilers latéraux est connue, mais ils ont une fonction complètement différente. Des exemples sont décrits dans les documents EP1944226B1 ou EP1944227B1, qui décrivent un scooter équipé d’un spoiler pour éliminer l’effet de turbulence créé par le flux d’air sur le carénage du scooter.
À la lumière de ce que l’on sait, dans les motos sportives de dernière génération, il est nécessaire d’augmenter et d’améliorer la stabilité de la moto lors des déplacements à grande vitesse en ligne droite ou lors des décélérations avant et pendant les virages, garantissant une meilleure adhérence des pneus.
C’est tout, mais revenons au texte ci-dessus dans l’article : Aprilia, ou plutôt le groupe Piaggio, a donc réussi à breveter un aileron de selle en forme de T. Honnêtement cependant, ce n’est pas vraiment nouveau : il suffit de remonter à 1977, lorsque le Néo-Zélandais Dr Rodger Freeth a essayé ce principe sur sa Yamaha TZ 750 ! Félicitations à eux !
Le dernier brevet de Marco de Luca, dont nous parlerons demain, est plus surprenant et, pour l’instant, encore inconnu en MotoGP…
L’article original sur paddock-gp