Le marché du MotoGP semble également avoir réparé les dernières pièces manquantes. Dans le paddock de Zeltweg, tout semble s’être mis en place avec une valse tourbillonnante, après tout nous sommes en Autriche. A l’issue de la joute Franco Morbidelli, largué sans ménagement par Yamaha, courra avec l’usine Ducati dans l’équipe Pramac l’année prochaine. Il n’y a toujours pas d’annonces officielles, mais dans les salles (plus ou moins…) secrètes du paddock, tout semble déjà rentré dans l’ordre. Frankie prend la place de Johann Zarco, qui ira plutôt chez LCR Honda. Le Français descend de sa plus belle moto pour enfourcher la RC213V qui fait aussi pleurer Sa Majesté Marc Marquez. Il est logique d’imaginer que la composante économico-contractuelle avait un poids prépondérant par rapport aux raisons d’ordre technique.
Percée de carrière
Franco Morbidelli en 2020 avec Yamaha avait terminé le Championnat du monde MotoGP en deuxième position, remportant trois GP. Mais depuis cette édition un peu particulière lourdement conditionnée par l’urgence pandémique, l’ancien champion du monde Moto2 de 28 ans n’a plus jamais été retrouvé. Blessures et problèmes techniques l’ont relégué dans les bidonvilles : 17e place en 2021, deux places pires l’an dernier. Cette année ne va pas mieux : le seul éclair a été la double quatrième place en Argentine. En 17 courses courtes et longues, il n’a terminé que quatre fois dans le top dix. Mais l’année prochaine, la perspective technique va radicalement changer : Frankie aura la moto de tous les désirs et une place dans l’une des formations les plus ambitieuses et organisées. Ce sera une opportunité tentante, peut-être la dernière ?
La puissance du VR46
Il y a quelques jours, d’après les habituelles rumeurs de marché, l’impression était que Franco Morbidelli était le coureur le plus en marge des différentes négociations en cours. Au lieu de cela, pendant le week-end du Red Bull Ring, la situation a changé comme par magie, et l’opportunité du siècle s’est présentée, le résultat d’une série de combinaisons qui allaient parfaitement à l’essentiel. Ce n’est peut-être pas un hasard si Valentino Rossi est aussi dans le paddock ponctuel : même s’il ne court plus, le nonuple champion du monde est toujours une grande puissance, capable d’orienter les choix des entreprises et des équipes, ainsi que son propre. D’un seul coup, le VR46 réussit à retenir Marco Bezzecchi, que Ducati aurait voulu à Pramac, et à y “fixer” un de ses protégés.
Mais Zarco chez Honda pour… de l’argent
Comme dans tout jeu du marché MotoGP, il est difficile d’en comprendre la logique. Dans ce cas, le feu vert de Pramac est compréhensible, puisqu’il embrasse pourtant un pilote italien, avec un certain charisme médiatique, au lieu d’un Français. Johann Zarco est allé chez LCR Honda, dit-on parce qu’il était attiré par un contrat de deux ans au lieu d’un. Même si Ducati aussi, en vérité, proposait un contrat de deux ans : 24 à Pramac et l’année suivante sur la Panigale V4 R de l’équipe d’Aruba. L’argent avait certainement du poids : Borgo Panigale ne verse pas de gros salaires. Alvaro Bautista navigue pour ainsi dire avec 400 000 € et en Superbike il gagne bien moins que Jonathan Rea et Toprak Razgatlioglu. Difficile d’émettre l’hypothèse qu’un Johann Zarco, actuellement à zéro victoire en MotoGP, se soit offert davantage.
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