De Marc Sériau/paddock-gp
Rarement on aura autant parlé de pneu arrière lors d’une saison MotoGP que celui de Jorge Martin au Grand Prix du Qatar ! Responsable d’un GP décisif dans la lutte pour le titre pour les uns, un alibi trop simple pour d’autres. Chacune des deux parties, de bonne foi, croit fermement à sa version des événements, et nous ne pouvons en aucun cas leur en vouloir. Cependant, nous sommes allés entendre l’avis impartial d’une tierce personne qui utilise ce type de caoutchouc toute l’année.
Cela depuis l’époque où le pilote madrilène de l’équipe Pramac en MotoGP n’était pas encore né. On parle de Guy Coulon. Son avis est particulièrement intéressant, avec la perspicacité unique d’un homme à qui on ne raconte pas d’histoires et qui, pour une fois, a souhaité partager son avis sur un sujet un peu « sensible ». Au final, le magicien du team Tech3 nous montre comment concilier un bon pneu, du patinage au départ et un rythme de course de plus en plus mauvais alors que la veille nous allions gagner…
Guy Coulon, quel est votre point de vue sur la histoire du pneu arrière de Jorge Martin au Qatar qui a gâché sa finale de la saison MotoGP ?
Eh bien, je peux répondre un peu en me basant sur l’expérience que j’ai des années précédentes et que je n’ai plus. C’est arrivé assez souvent et chez presque tous les pilotes, notamment lors des séances de qualifications, où 2 pneus tendres sont habituellement utilisés. Deux tours, retour et encore 2 tours avec un deuxième pneu. C’est ce que j’ai pu observer, vérifier et revérifier à plusieurs reprises, avec différentes séances et différents pilotes, après le premier pneu de qualification. Le pilote revient et se trouve dans sa “zone de performance” habituelle, il apparaît plutôt satisfait de sa position, et repart avec le 2ème pneu satisfait je dirais, ou presque. Il roulera correctement, avec souplesse et améliorera généralement un peu votre temps.
S’il revient et qu’il n’est pas dans sa zone, il est un peu bas en position et tout le reste, quand il repartira avec le deuxième pneu, il sera un peu plus déprimé, plus nerveux, moins souple et plus agressif. Il reviendra systématiquement en disant que le 2ème pneu ne fonctionnait pas, qu’il n’avait pas d’adhérence, car il aura été plus agressif avec sa moto. On peut aussi dire cela lorsqu’un pilote prend un mauvais départ. Pour compenser, il est un peu plus agressif, moins concentré au volant et commence à se rendre compte que le pneu n’est pas bon. Il est plus agressif, le pneu perd de l’adhérence et commence à le traîner tout au long de la course en se disant “Je n’y arriverai pas à cause de ce pneu”. Il devient alors encore plus agressif, la panique s’installe et il doit essayer d’être plus délicat. Finalement il te dira “Eh bien, le caoutchouc n’a pas fonctionné”.
Votre conclusion s’applique d’une manière ou d’une autre à un certain pilote espagnol lors de la dernière course MotoGP…
Cela s’applique aux pilotes italiens, espagnols, français, peu importe ce que vous voulez, qui peuvent se tromper au départ et se retrouver un peu plus en difficulté par la suite.
Le patinage spectaculaire au départ, quelque chose qui est également arrivé à votre pilote Augusto Fernández dans cette même course…
Ici, comme Augusto l’a fait dimanche sur 25 mètres, parce qu’il se trouvait dans une zone sale. Il a complètement raté son départ et ça a été difficile après. Samedi, elle s’est retrouvée dans une meilleure zone sur la grille, elle a pris un bon départ, il était dans sa « zone de confort », si je puis dire, et il a bien terminé la course. Mais je me souviens aussi d’avoir dit à certains pilotes de qualification : « Au premier tour avec un pneu neuf, si vous voyez qu’il n’a pas d’adhérence, c’est probablement parce que vous êtes trop agressif. Une fois la visite terminée, vous vous recentrez, vous détendez davantage et partez pour une nouvelle visite. ”
Cela pourrait expliquer le mauvais départ, le changement de position sur la grille MotoGP entre samedi et dimanche. Sur une partie sale de la piste avec des panneaux indiquant une partie propre…
“Fait. La position sur la grille entre samedi et dimanche était différente en raison de la relégation d’Aleix Espargaro.
L’hypothèse d’un pneu défectueux dans une série Michelin ne vous semble donc pas plausible…
“Pour moi oui. Bien sûr, je n’en suis pas un grand fan car je les trouve très difficiles à utiliser et à contrôler. La logique du choix n’est pas simple. D’autre part, il est impressionnant par la qualité de fabrication et la cohérence de la production, mais aussi par la façon dont ils parviennent à maintenir le même niveau dans un type de pneu. De ce côté-là, un pneu défectueux pourrait peut-être arriver dans une série, mais je n’y crois pas [ride].
Photo : Tech3 Racing
L’article original sur Paddock-GP