Ducati a vécu le week-end MotoGP à Portimao avec le double visage de la victoire et de l’amertume. D’une part, le doublé de Jorge Martin et Enea Bastianini sur le podium, suivi de l’étoile montante Pedro Acosta qui va bientôt donner du fil à retordre. De l’autre, l’accident entre le champion en titre Pecco Bagnaia et le sextuple champion Marc Marquez, alors qu’il restait un peu plus de deux tours à faire. L’enjeu n’était pas seulement 10 ou 11 points, mais le rôle de coq à l’intérieur du garage de Borgo Panigale.
Deux coqs dans le poulailler Ducati
Marc Marquez a renoncé au salaire de plusieurs millions de dollars du géant Honda pour monter sur la Desmosedici GP, la moto la plus compétitive du moment, dans le but de retrouver la joie de la course et la route du podium. Jusqu’à la fin des essais hivernaux MotoGP, la question était de savoir combien de temps il lui avait fallu pour s’adapter à la Ducati, la réponse semble désormais claire : le pilote Gresini est prêt à rivaliser avec tout le monde. Il était inévitable qu’il se retrouve tôt ou tard sur les traces de Pecco Bagnaia, qui n’a pas l’intention d’abandonner après avoir remporté les deux derniers titres mondiaux.
Ce qui s’est passé au virage 5 est un peu une métaphore des deux champions prêts à tout pour s’imposer au sommet. Un duel qui se répétera presque certainement d’ici à Valence et verra également le nouveau leader Jorge Martin comme protagoniste. Pour les fans de MotoGP, ce sera vraiment un grand spectacle, pour le top management, ce sera une patate chaude (comme on pouvait s’y attendre !) à gérer du mieux possible. Ducati en avait tenu compte en donnant son feu vert à l’embauche de Márquez chez Gresini, conscient que l’équilibre interne serait dangereusement compromis.
Domenicali calme le jeu
Lors du débriefing, le ton de Pecco Bagnaia était très calme, un peu moins celui de Marc Marquez, qui s’estime lésé dans cette affaire. Claudio Domenicali s’est montré très diplomate concernant le contact entre Pecco Bagnaia et Marc Marquez lors du Grand Prix du Portugal. Le PDG de Ducati a évité les commentaires controversés, concentrant l’attention sur le succès de Martin et la deuxième place de Bastianini. « Nous avons obtenu la première et la deuxième place avec deux Ducati officielles, donc je suis content», a-t-il déclaré à Sky Sport MotoGP. Pour le propriétaire de Ducati »Il est clair que lorsque des choses comme Pecco et Marc arrivent, nous sommes tous un peu nerveux, mais c’est la course. Ce sont deux grands champions et aucun d’eux ne voulait abandonner. J’ai vu les images à la télé, on peut être d’accord avec l’un ou l’autre, peut-être avec les deux en même temps« .
Malgré ses propos mesurés, Domenicali n’hésite pas à donner une tape à l’oreille aux deux protagonistes, qui se retrouvent dans les graviers pour se disputer un point supplémentaire, même si l’honneur du champion était aussi en jeu… »Avec l’expérience qu’ils ont, ils auraient pu être plus prudents, mais d’un autre côté, il est clair qu’aucun d’eux n’a voulu jeter l’éponge… De l’extérieur, il est facile de faire une analyse, mais quand on est à l’intérieur et votre adrénaline monte, tout est différent. Je le comprends, mais je ne le cautionne pas du tout« . L’histoire se termine ici, du moins devant les médias… »Je comprends que cette question intéresse les journalistes, mais je ne me laisserai pas emporter par la polémique, je ne mordrai pas à l’hameçon« .
Photo Ducati Corse