À écouter les voix graves dans le paddock, les plans de Ducati pour le MotoGP 25 seraient déjà faits. Marc Marquez rejoindra Pecco Bagnaia. “Que dois-je faire d’autre pour mériter la moto la plus convoitée ?» Jorge Martin, dominateur du week-end français, ne cesse de répéter (compte rendu et classement ici). Rien, le challenger espagnol ne peut pas faire plus fort que ça. Le problème, pour lui, c’est que le choix n’est pas seulement économique, mais aussi stratégique. Regardons-les, point par point.
1 Liberty Media a besoin de Marc Marquez comme numéro 1
L’octuple Champion du Monde est de loin le pilote le plus charismatique de cette époque. Avant sa blessure, il était imbattable pendant des années, réécrivant une si longue liste de records MotoGP et cachant les problèmes structurels de Honda pendant des années. La blessure de 2020, bien qu’elle ait interrompu la séquence des succès, a encore amplifié le charme du personnage, l’a rendu plus humain. L’enfer et la lente résurrection sportive sont le récit parfait de tout sport : on tombe et on se relève. Marc n’a pas gagné depuis longtemps (Misano ’21) mais même le rapide est fonctionnel pour l’histoire. Lorsque MM93 reviendra sur la plus haute marche, la parabole du storytelling sera à son apogée. Qu’il revienne en protagoniste, si possible dans le rôle de pilote à battre, est impératif pour Liberty Media, le nouveau maître du MotoGP. Cela convient également à Ducati, qui l’a entre-temps promu ambassadeur de la marque Audi. Ils n’ont pas pris Martin, mais Marquez. Maintenant, pour garantir que le plan fonctionne, nous devons l’orienter vers la moto et l’équipe les plus compétitives.
2 L’aspect sportif
Marc Marquez, bien qu’il ait couru avec une Ducati de l’année dernière gérée par une équipe de haut niveau mais toujours satellite, est déjà là en train de s’affairer autour de Bagnaia et Martin, qui disposent d’un équipement technique supérieur. Marco Bezzecchi, qui en était le protagoniste absolu il y a un an, est en difficulté. Alex Marquez et Fabio Di Giannantonio se voient par intermittence, et dans cette partie du Championnat du Monde, ils n’ont jamais été au niveau “usine”. MM93 oui, il est là avec eux. Il est donc clair qu’il y met beaucoup de son côté. Ayant résolu les problèmes physiques résultant du grave accident et la dépression déclenchée par la crise Honda, il fait à nouveau la différence. En France, il a débuté en cinquième ligne : on dit qu’à l’ère du MotoGP, les dépassements sont très difficiles, mais il a réussi à monter sur le podium aussi bien en Sprint qu’en GP, dépassant enfin Bagnaia. L’insulte de Jerez est (partiellement) vengée. Ducati est conscient qu’en remplaçant Martin par Marquez, le potentiel du duo officiel ne diminuera pas. Au contraire…
3 Ne le servez pas dans l’assiette à la concurrence
Luigi Dall’Igna est non seulement un brillant technicien, mais aussi un très fin stratège. Il sait bien qu’un Marc Márquez de retour en pleine forme serait un adversaire très dangereux sur les motos concurrentes. Imaginez si cela se retrouvait chez Aprilia. La RS-GP se rapproche de plus en plus dangereusement de la Desmosedici, avec très peu de choses à faire pour franchir le pas en termes de qualité. En mettant la main sur les meilleurs talents de cette époque, il deviendrait une menace sérieuse. Il en va de même pour Márquez s’il se retrouve chez KTM, une possibilité encore plus probable en raison du sponsor en tant que pilote d’équipe. Bagnaia-Marquez est-il un couple difficile à gérer ? Rien ne garantit que Bagnaia-Martin serait plus calme. La priorité est d’avoir le croque-mitaine dans le garage, plutôt que de devoir le craindre dans celui d’à côté.
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Foto: Adrien Poupeau