Sa deuxième saison MotoE débutera dans un peu moins d’un mois. Alessio Finello, désormais en bonne forme physique, se prépare du mieux qu’il peut, conscient de ses atouts et de ses défauts qu’il doit encore travailler à la place. Les essais à Barcelone ont été une excellente opportunité dans ce sens, ainsi que pour mieux connaître la Ducati V21L et aussi découvrir un circuit inconnu. Comment évaluez-vous les tests officiels sur la piste catalane ? Qu’attend Finello du début du championnat ? Que manque-t-il encore pour arriver en tête de la classe ? Ceci et plus dans notre interview.
Alessio Finello, comment c’était à Barcelone ?
Ils se sont bien passés, nous avons enfin trouvé du beau temps ! Il nous fallait trois jours ensoleillés. Au final c’était les vrais premiers essais, importants pour comprendre la moto et surtout le dernier jour où nous étions. On a vraiment essayé beaucoup de choses, mais malheureusement il y avait un déficit de pneus. Il n’y avait pas les bons trains de pneus, donc c’était difficile d’exploiter ou même de disputer les cinq manches par jour, 15 au total.
Vous avez tous alors signalé une dégradation importante des pneus.
On ne s’y attendait pas, mais il y a eu une dégradation assez importante. Au début c’était difficile, puis c’est devenu impossible d’essayer de faire deux séances avec le même train de pneus, on prenait des risques et on travaillait mal. Mais c’était surtout un problème à l’avant. Rouler avec un arrière usé ne sentait pas tellement la différence, au contraire avec l’avant c’est devenu compliqué de faire plus de huit tours. Au final, cependant, ce sont toutes des données collectées : on a compris le fonctionnement du vélo, la dégradation de la gomme… Ils font aussi un peu de sélection, avec des avantages ou des inconvénients selon les situations : qui travaille le mieux dans la première partie de la course l’emporte alors avec eux. C’était important de faire tout ce travail, trois excellentes journées où nous étions bien préparés pour Le Mans.
D’ailleurs, tu ne connaissais pas le circuit, quelle impression t’a-t-il fait ?
C’était une super trouvaille ! Très rapide, avec un tracé similaire au Mugello, avec des virages très rapides, où il faut beaucoup se pencher. Mais c’était difficile car à neuf heures du matin on avait l’impression d’être sur une piste au Qatar, ou plutôt de faire presque le Dakar avec tout ce sable ! Quand Matthieu [Ferrari] à un moment ça m’a dépassé j’ai dû mettre les essuie-glaces sur mon casque ! Mais au final, en deux ou trois tours j’ai appris la piste, à la deuxième séance je n’ai plus eu ce problème.
Bref, un Alessio Finello qui a aimé ce circuit.
Oui absolument! Mais en général l’agencement, le système… Tout est vraiment très sympa.
Des journées avec aussi des essais qualificatifs et de course, comment ça s’est passé ?
Le format n’a pas changé, donc dans ce sens je savais déjà à quoi m’attendre. Ensuite, tout s’est bien passé, même avec le nouveau vélo. Bien sûr, en termes de performances, on peut toujours s’améliorer : je dois trouver comment tirer le meilleur parti des nouveaux pneus, comment en faire encore plus pour le tour lancé. Quant à la course c’était sept tours mais au départ j’ai remarqué que nous étions beaucoup plus rapides ! J’ai fait toute la simulation et j’ai compris un peu plus le dépassement : quand ils me dépassent, quand je dois dépasser… Au final c’était juste pour comprendre comment se comportait la moto, donc comment pouvoir profiter de tout en un tour lancé et dans une course. La chose un peu différente est la chute assez importante en seulement sept tours ! Mais sûrement que Michelin travaille déjà pour Le Mans.
Au niveau des Finello-Ducati V21L, qu’est-ce qui est bon et qu’est-ce qui manque ?
J’ai été surpris par le comportement et la sécurité, je confirme ce que j’avais entendu à Jerez sur le mouillé. Avec toutes ces commandes ça permet de pousser beaucoup et d’avoir tout de suite un feeling. Un de mes défauts en ce moment, c’est l’avant : ce n’est pas que je ne lui fais pas confiance, mais je n’arrive pas à être le plus rapide possible en entrée de virage, du freinage à l’entrée je perds beaucoup de temps. Là où les autres font la différence, notamment les quatre premiers. C’est sûr qu’au Mans je vais arranger les choses !
Pendant les trois jours d’essais, avez-vous aussi essayé le time attack ou avez-vous « gardé » ?
Je devais le faire, seulement je suppose que je me suis réveillé trop tard. J’ai abordé la dernière session différemment, mais le principal problème est que oui, j’ai progressé, mais j’avais un arrière usé avec un nouvel avant. Je me suis dit d’aller à l’intérieur et de le faire, sans regarder le pneu : le fait que j’ai progressé me fait réfléchir, je ne dis pas que j’ai dormi, mais je n’ai pas profité des deux séances avec des pneus neufs, ou peut-être que je les ai mal approchés, je ne sais pas. Là, pourtant, j’ai compris qu’il y avait une marge et qu’il fallait « changer d’attitude » avant d’aborder une manche importante pour tout le monde. J’ai fait l’attaque contre la montre, mais ce n’était pas tout à 100 %. Cependant, je sais que je suis calme, il y a de la marge et je peux me rapprocher beaucoup plus du top dix.
Vous avez déjà considérablement abaissé les records précédents. Par sensation, où peut arriver cette nouvelle Ducati ?
Beaucoup dépendra de combien ils « débloqueront » le potentiel. Pour le moment on peut travailler sur quelques trucs, ça limite un peu la situation, mais quand ils débloquent ces nouveaux niveaux… A mon avis le potentiel est énorme ! Quelqu’un dans les tests a déjà tiré, mais nous ne pouvons travailler que sur certains aspects, pas sur tout.
Alessio Finello, comment allez-vous physiquement ?
Je vais bien, mon épaule ne me fait même plus mal ! Je suppose que je devais juste enlever un peu de rouille. Niveau résistance aussi et tout l’entraînement se passe bien. Il fait chaud maintenant, donc je peux aussi faire du vélo ou courir dehors, pas seulement sur le tapis roulant comme des hamsters sur la roue. Je dirais que tout va bien.
Comment voyez-vous cette moto au Mans ?
Je le vois bien : le tracé est proche de Jerez mais c’est plus court, plus étroit. Au Mans, il y a toujours l’inconnue météo, 50/50, mais après les essais je dirais que je suis prêt : nous avons testé dans toutes les conditions, il ne manquait que la grêle ! Bien sûr, la piste est différente, l’année dernière j’ai eu un peu de mal, mais je suis allé vérifier mes temps à nouveau et l’écart avec les leaders n’était pas si grand. À mon avis, nous pouvons faire un bon week-end de course.
Y a-t-il quelqu’un à surveiller ou est-ce que le terme « toutes les recrues » s’applique cette année ?
Les essais de Jerez et de Barcelone ont clairement montré que ceux qui étaient en tête l’an dernier y étaient restés. À mon avis, le meilleur performeur à la fois sur le tour lancé et pour la course est Eric Granado, mais je vois toujours le 4-5 de l’an dernier, alors que nous derrière, moi y compris, nous poursuivons toujours.
Où voyez-vous votre coéquipier Matteo Ferrari cette année ? Combien et que vous manque-t-il pour l’atteindre ?
Je le vois comme très compétitif, il a toujours été devant. Honnêtement, il ne manque de rien par rapport aux autres. Pour moi, en revanche, c’est plus compliqué de rapprocher ces 3-4 devant. Mon premier objectif est la 8e-9e place, ils ne sont pas loin, mais évidemment cela dépendra beaucoup de moi. La moto est là et ceux qui sont devant l’ont prouvé, puis on y va pas à pas. Bien sûr, j’aimerais être juste devant Le Mans, peut-être que ça pourrait arriver ! Mais cela dépendra de beaucoup de situations et de moi, de la façon dont j’aborde le week-end. Allons-y pas à pas : le premier c’est le top dix, puis à partir de là il faut le fixer, puis aller de plus en plus loin.
Alessio Finello, ne vous voyez-vous pas encore avec la possibilité d’un podium ?
La possibilité est là, mais il me manque encore quelque chose et j’espère le trouver bientôt. Malheureusement, il me faut du temps pour aller vite : puis j’arrive, mais il n’y a pas de temps, alors quand j’arrive, le week-end de course est presque terminé. Il me manque encore la base du premier tour lancé.
Le championnat débutera en mai, d’ici là quels sont vos projets ?
J’ai encore une semaine d’entraînement physique, à partir du lendemain j’ai déjà organisé quelques jours au Mugello avec un 1000. Ensuite, je recevrai un 300 là-bas et j’ai déjà prévenu à la maison qu’ils ne me reverront plus ! Je vais rouler sur des circuits 3 à 4 fois par semaine, j’ai besoin de faire du vélo et de me sentir fort, pour dire que je suis entraîné et que je vais bien. Ce sont tous des automatismes qui deviennent ensuite normaux, ça peut beaucoup m’aider pour apprendre à aller vite tout de suite.
Verrons-nous Alessio Finello dans certaines courses avant de commencer ?
Nous y travaillons encore. Il n’y a que trois rendez-vous possibles entre le CIV et le Trophée National. Des étapes pourtant sans rapport les unes avec les autres, si j’en ai la chance ce sera une étape maintenant et une en septembre, mais pour le moment il n’y a pas de perspectives de faire le premier championnat du National ou du CIV. Je n’ai pas d’accord, j’y travaille mais j’ai du mal, alors j’ai couru un peu à l’abri avec les journées au Mugello et les 300. Si l’occasion se présente, c’est toujours mieux qu’un simple entraînement, une course le week-end est toujours un entraînement mais c’est aussi une course, la conception mentale est différente. Je ne serai pas là pour la première course par contre, la deuxième est déjà plus probable.
Photo: Team MotoE FELO Gresini Racing