Un retour en MotoE pas tout à fait conforme aux attentes. Alessandro Zaccone a terminé 8ème de la Course 1 après un Long Tour, tandis que dans la Course 2 il a franchi la ligne d’arrivée en 9ème position. Cependant, le pilote Tech3 n’est pas satisfait et vise bien plus dans les prochaines courses. En partant du Mugello, son circuit à domicile sur lequel il n’a pourtant jamais couru avec la MotoE, étant donné qu’il était en Moto2 l’an dernier. Zaccone vise à réduire significativement l’écart constaté au Mans par rapport au top 3, ainsi qu’à affiner les sensations avec la Ducati V21L et aussi son style de pilotage. En attendant la manche italienne des 9 et 10 juin, voici son récit du week-end sur le Circuit Bugatti.
Alessandro Zaccone, retour en MotoE. Comment s’est passé l’ouverture de la saison au Mans ?
Disons que ça ne s’est pas passé comme nous l’espérions. Ensuite le format week-end est difficile, le vendredi tu n’as pas le temps de travailler et il faut être en place tout de suite. Nous pensions avoir fait du bon travail dans les tests, mais cela ne nous a pas aidés, nous sommes allés dans la direction opposée à celle où nous devions aller. En fait, au Mans, nous nous sommes retrouvés dans pas mal de difficultés et nous n’avons pas pu aller là où nous voulions. Je suis désolé parce que nous voulions commencer d’une manière différente, mais nous savons sur quoi nous devons travailler. Au Mugello, j’espère repartir sur un autre pied.
Quelles ont été les plus grandes difficultés ?
Côté conduite, disons que j’ai eu du mal à être propre. J’étais plus agressif, comme je l’ai fait avec le Moto2, mais avec le MotoE, ça ne paie pas. Je suis aussi un pilote qui a tendance à rouler beaucoup avec l’arrière et à beaucoup survirer la moto. Avec ce MotoE, j’ai beaucoup souffert au Mans car vous avez trois cartes par défaut et vous ne pouvez pas travailler sur les contrôles de traction. Nous avons éliminé nos faiblesses mais, avec un week-end aussi serré, c’est dur.
Alessandro Zaccone, disons que vous n’êtes pas fan du nouveau format.
Non, ce n’est pas le meilleur. C’est bizarre de ne courir que le samedi, en fait c’est un peu moche, on a l’habitude de courir le dimanche depuis qu’on est gamin… Alors sur un week-end de trois jours, même si tu roules toujours de la même façon, tu as une nuit de plus pour réfléchir et travailler. Au lieu de cela, de cette façon, vous décidez du week-end du vendredi et si vous reculez, vous ne pouvez pas faire grand-chose en 7-8 tours. Le but est de trouver une bonne base et d’essayer de démarrer vite chaque week-end.
Il y avait aussi un problème avec les basses températures, à quel point cela vous a-t-il affecté ?
Faire un quart de travail de 8h30 au Mans et rester au lit, c’est la même chose. Tu tournes avec 5-6°C alors qu’en course tu te retrouves à 20°C. D’abord c’est dangereux, puis à mon avis ça n’a pas de sens : c’est une séance ratée, tu fais pratiquement une séance d’entraînement et qualificatif. A partir du Mugello ensuite la première séance se fera avec les pneus utilisés en qualifs, pour dire que ce sont des pneus qui durent 8 tours puis qui sont jetés… Cette séance n’a pas vraiment de sens pour moi. Mais nous devons faire ce qu’ils décident à la fin.
Comment ça s’est passé au niveau des pneus ?
Nous n’avons pas eu la dégradation de Barcelone, mais finalement Le Mans n’est pas une piste très agressive, donc il n’y a pas eu de problèmes majeurs. Le pneu ne se comporte toujours pas comme sur l’Energica, mais nous tournons trois secondes plus vite, donc il souffre d’une manière différente. À mon avis, Michelin peut faire un grand saut là-bas aussi, d’ailleurs je suis sûr qu’ils y travaillent déjà.
Alessandro Zaccone, comment se passe la sensation avec la Ducati V21L ?
C’est très facile et amusant, un vélo de course ! La vitesse, c’est avant tout l’entrée en virage, la sensation que l’on a au freinage et la manière dont on parvient à le faire au centre du virage, ce qui nous met en difficulté. Nous avions beaucoup travaillé dessus à Barcelone, mais au Mans, nous avions besoin de tout le contraire.
Quels que soient les résultats, comment jugez-vous les deux courses en France ?
Je n’avais pas de bonnes sensations depuis l’entraînement, donc j’avais du mal à dépasser, disons que je n’étais pas en position d’attaquer. J’ai donc préféré placer deux places et ramener quelques points plutôt que de chercher quelque chose qui n’était pas à ma portée à l’époque et peut-être me jeter par terre. Au final ça s’est bien passé aussi avec les nombreux zéros de la Course 1, il valait mieux ramener quelques points de plus. En effet, en Course 1 on aurait pu bien faire, j’étais dans le groupe du podium, mais j’ai coupé au virage 1. J’ai ralenti, mais pas assez, alors ils m’ont donné le Long Tour et j’ai perdu trois places.
Vous attendiez-vous à toute cette différence avec le trio de tête ?
En fait non. Mais à mon avis, tout dépendait du travail de réglage des tests, ou plutôt simplement des tests que nous avons faits au final, qui ont également fonctionné pour eux au Mans. Pour moi cependant, comme mentionné, c’était exactement le contraire. Dès la prochaine course, nous serons plus proches.
Alessandro Zaccone, comment voyez-vous la prochaine manche au Mugello ? En plus du fait que vous êtes italien et que vous courez à la maison.
Je ne sais pas pour le moment, j’espère juste que notre base fonctionne bien là-bas. Pour moi ce sera la première fois avec le MotoE au Mugello et j’espère que je n’aurai pas trop de difficultés. C’est une piste très rapide, peut-être plus similaire à Barcelone, alors peut-être qu’il peut nous donner un coup de main en ce qui concerne le travail effectué. Alors tu es à la maison, ce serait bien d’avoir un bon résultat en Italie ! Je pars définitivement chargé et positif.
En espérant aussi qu’il y ait beaucoup plus de monde qu’en 2022.
L’année dernière a été triste, c’était ma première année en championnat du monde et au Mugello c’était une très mauvaise situation. J’espère qu’il y a du monde et qu’ils viennent faire du bruit, alors courir le samedi soir on pourra le faire aussi !
Alessandro Zaccone, vous êtes-vous fixé des objectifs précis ?
L’objectif principal est toujours un, courons tous pour gagner ! Je vise à bien faire, mais je veux avant tout retrouver le bon feeling, bref, ce qui nous manquait au Mans. Il reste encore 14 courses, ça fait beaucoup de points. Alors ce qui arrive bien, mais je veux quitter le Mugello avec la conscience qu’on peut être rapide.
Quels sont les projets pour cette période ?
Malheureusement, vous ne tournez pas beaucoup sur une moto. Ensuite, avec ce qui s’est passé ici dans la région, les pistes sont des lacs, donc le vélo reste immobile. Je m’entraîne à la salle de sport, sur mon vélo, puis je fais le ménage : je coupe l’herbe, taille les arbres, lave la voiture, jardine pour maman… C’est comme ça que je garde la forme !
Un commentaire sur les autres catégories : comment s’est passé le GP de France ?
Chouette! A mon avis, un gros coup dur pour le MotoGP avec le retour de Marc Marquez, il semblait de nouveau en forme à 100%. Vous avez besoin de cette compétition que vous avez vue au Mans, c’était vraiment agréable à voir. J’espère que cela encouragera aussi les gens à venir au Mugello !