Les deux courses de Moto3 à Barcelone semblaient être la véritable opportunité de podium pour Alessandro Morosi et l’équipe Eagle-1. Au contraire, en Course 2 avec un beau dépassement le pilote n°19 avait également pris la tête de la course ! Mais en JuniorGP, les batailles sont toujours serrées et les contacts sont à l’ordre du jour. Juste un épisode malheureux de ce type a provoqué la chute prématurée de Morosi, donc adieu les rêves de podium. Max Gazzarata, patron de l’équipe recrue du championnat, avoue son amertume, mais en général la satisfaction l’emporte tant pour le travail de son pilote que de tous les gars d’Eagle-1, déjà promus avec la note maximale. Le Moto3 du JuniorGP redémarrera en octobre, en attendant nous avons eu l’occasion d’entendre Gazzarata pour un bilan saisonnier.
Le podium était à une marche de Barcelone, dommage pour la finale…
Cela me met très en colère, mais j’ai aussi expliqué à Alessandro la différence entre courir en 15e-25e position, où il était jusqu’à l’année dernière, et être devant. De la 1ère à la 8ème position, vous trouverez d’autres coureurs avec des capacités différentes. Bien sûr il y a quelque chose d’amer car il a les qualités et il l’a montré, mais on peut dire que c’est sa première vraie année dans ce championnat.
Une croissance exponentielle par rapport à ce qui a été observé lors des saisons précédentes !
Quand il est venu vers nous, j’ai trouvé un gars avec un réservoir de données vide devant lui, il n’avait même pas les bases pour affronter un championnat comme celui-ci. Deux-trois ans à flotter comme ça, tu ne peux vraiment pas comprendre. Et c’est assez impressionnant de voir qu’en quelques mois il est passé de la 20ème à même faire deux premiers tours ! Cela veut dire que c’est un garçon qui a toujours été fort, mais malheureusement « abandonné » depuis des années.
Barcelone n’est que le dernier exemple d’une saison déjà brillante pour Morosi.
Personne n’y croyait ! Lui-même ne pensait plus pouvoir atteindre ce niveau. On a fait un bon processus de persuasion, avec le coach mental… Voilà le résultat. On parle toujours d’enfants, de jeunes qui ont besoin d’affection et dont on s’occupe, sinon vous allez les perdre.
Mais vous attendiez-vous à des avancées de cette ampleur ?
Franchement non ! Je ne pensais pas qu’il pouvait déjà faire des actions du calibre que nous avons vu. Je les attendais dans le futur, pas tellement maintenant, et sans rien faire d’incroyable. Alors qui sait ce qu’il aurait déjà pu faire il y a trois ans… J’ai compris qu’il pouvait aller vite, mais pas comme ça. Bien sûr le vélo c’est un avion, une technique folle, mais il faut aussi le pilote, ça ne va pas tout seul. Il va certainement refaire une année ici, comme je l’ai dit c’est vraiment la première pour lui.
En plus de la croyance en ce qui a le plus grandi ?
On essaie de modifier un peu son physique, sa préparation… Il devient aussi très fort de la tête, ça n’a pas été facile avec les très gros écarts qu’il a pris au fil des années. Moitié passion et moitié désir étaient passés : il était plein de peurs, il n’arrêtait pas de tomber, comme je l’ai dit maintenant il pensait vraiment qu’il n’en était pas capable. Mais il n’y a pas vraiment d’explication à un tel changement.
Sa passion est-elle revenue maintenant ?
Ouah! Comme on dit, l’appétit vient en mangeant. Lorsque vous êtes apprécié pour ce que vous faites et que vous vous sentez récompensé, il est facile de grandir.
Merci également à l’équipe d’Eagle-1, n’est-ce pas ? Comment se passe la première année ?
Nous avons vraiment une équipe de personnes capables, fantastiques et très compétitives. Peut-être très sérieux et pas très rigolo, mais je préfère ça aux mécanos qui hurlent, fêtent, et puis quand c’est l’heure… On a vu ça aussi. Le pilote doit alors avoir sa propre équipe pour établir ses propres critères, son propre système, afin d’obtenir des résultats. Nous posons ensuite les bases d’un deuxième coureur, l’objectif final serait d’arriver à trois, tous les enfants grandissent, comme nous le faisons avec Alessandro.
Comment évalueriez-vous votre pilote et les gars d’Eagle-1 ?
Je donne à mon équipe un 10 complet. Ce sont tous des gars capables, qui viennent de hauts niveaux : le fait de les avoir convaincus de suivre une autre voie, liée à l’entraînement, c’est vraiment beau. Ils ont tous trouvé le bon état d’esprit pour aider les coureurs qui ne sont pas en Championnat du Monde, mais qui pourront y aller à l’avenir. C’est le vrai défi ! Que dire du pilote, il m’a beaucoup bluffé : en théorie après trois années inexistantes il ne valait plus rien, alors il mène même la course comme ça…
Comment avez-vous vécu ce moment ?
Quand je l’ai vu pour moi c’était une émotion folle, c’est vraiment efficace. Il y a beaucoup de coureurs italiens qui peuvent bien faire, mais nous sommes une nouvelle équipe : c’était vraiment un super moment ! Je donnerais un 10 à Alessandro après trois ans où il s’est convaincu qu’il était un coureur sans pouls… A moins que Marc Marquez ne soit là déguisé, c’était vraiment lui à Barcelone. Dommage que ceux qui l’ont eu avant n’aient pas capté son potentiel.
Disons maintenant qu’il manque juste un peu plus de chance.
Je dirais oui. En pensant à d’où nous sommes partis, si des chiffres intéressants pouvaient se matérialiser… Comme je l’ai dit, c’est la première année pour lui : rester devant comme ça, c’est presque un choc, c’est un autre sport, et à juste titre, c’est un peu difficile. Mais maintenant, il s’est déverrouillé et certains placements fixes l’aideraient encore plus. Il en a besoin comme tous les gens qui travaillent ensemble.
Le JuniorGP part en vacances jusqu’en octobre, maintenant quels sont les plans ?
Tu pars en vacances quelques jours, puis tu repars pour une petite immersion totale pour préparer les dernières courses et enfin essayer de tout concrétiser.
Photo : Aigle-1