« J’admire tous ceux qui ont une passion et qui ont la sagesse et la constance de la cultiver : ils sont le moteur du monde ». Pour raconter Loris Reggiani nous citons une célèbre phrase d’Enzo Ferrari. L’ancien pilote de Forlì est l’emblème de la passion pour la moto. Il a concouru à l’ère des deux temps, lorsque la musique des moteurs était quelque chose de sublime : pas de bruit mais une douce mélodie. Cependant, il n’est pas resté ancré aux suggestions du passé et aujourd’hui il travaille à plein temps dans le secteur du scooter électrique. Discuter avec Loris Reggiani, c’est comme se lancer dans un voyage dans le monde de la moto, sans route, sans frontières et sans destinations car il y a tellement de directions à prendre qu’on se laisse alors guider uniquement par l’amour pour ce sport. L’entretien avec Loris Reggiani est divisé en deux parties, c’est la première.
Loris Reggiani, regardons le passé. Que vois-tu?
« Une moto plus humaine, plus réelle, dans laquelle les gens comptaient plus et les affaires moins, mais j’aime aussi la moto d’aujourd’hui, je continue à la suivre comme un spectateur normal, assis sur le canapé, si je devais aller sur la piste, je le ferais ne soyez pas trop heureux. Heureusement que je ne cours plus car je ne pourrais pas vivre la vie des coureurs d’aujourd’hui : ils ont trop d’engagements extra-sportifs. De mes années de course, j’ai beaucoup de souvenirs, des joies immenses et une douleur profonde. »
Quel a été le meilleur moment ?
« Certes, ma première victoire avec Aprilia au Grand Prix de Saint-Marin à Misano en 1987 est vraiment restée dans mon cœur. Mais il y en a bien d’autres aussi. »
Le plus douloureux ?
« J’ai encore ces instants sous les yeux, une douleur impossible à effacer, qui reste à l’intérieur. J’étais dans ma deuxième année en catégorie 500, lors des essais libres au Mans. J’ai eu un problème avec le vélo et je me suis retrouvé sans freins. Il y a eu un accident et le Japonais Iwao Ishikawa, pilote d’essai Suzuki, a été impliqué et a perdu la vie. De nombreuses années ont passé mais il est impossible d’oublier, certains moments marquent ».
A la fin de votre carrière, avez-vous pensé à devenir Team Manager ?
« J’ai essayé d’être pilote manager, j’ai suivi Marco Melandri mais non, ce n’est pas pour moi. Je suis un vrai passionné et je ne peux pas voir la moto comme un business, me soucier du profit, du business et gérer certaines situations avec le bon détachement. Cela a été une expérience négative : je ne suis tout simplement pas doué pour ça. Être Team Manager serait encore pire : jamais, jamais ».
Vous avez été commentateur de télévision et nous en parlons dans la seconde partie. Loris Reggiani, qu’est-ce que tu fais maintenant ?
« J’ai une entreprise qui fabrique des motos électriques : la Thundervolt. L’idée est née à Galliano Park, une piste gérée par la famille de ma sœur. Nous ne pouvions pas nous déplacer le soir à cause du bruit et donc, avec des amis, nous avons pensé à faire des scooters électriques à louer et pour ceux qui veulent s’amuser ».
L’électrique est-il toujours considéré avec scepticisme ?
« L’Italie et les pays du bassin méditerranéen en général sont encore assez traditionalistes et ancrés dans le passé. Je n’arrive pas à trouver une explication logique. En Europe du Nord, en revanche, ils sont beaucoup plus ouverts vers l’électrique et vers l’avenir, un peu pour tout. Quand on leur parle de trottinettes électriques, les amateurs sont d’abord sceptiques, puis dès qu’ils montent dessus ils se passionnent et reviennent. Les Thundervolts sont très amusants à piloter, il vous suffit de faire le premier pas et de les essayer. Nous avons aussi un Trophée qui marche bien et qui suscite beaucoup d’intérêt ».
Le mois dernier, vous avez fait la promotion de l’initiative SOS Galliano, un mini trophée avec les Thundervolts. Comment ça se passe?
« Pour la prochaine étape, fin juillet à Ottobiano, nous avions déjà beaucoup de membres et il reste très peu de selles. Grâce aussi à nos témoignages, il y a eu une bonne réponse. Nous sommes conscients que pour Galliano Park ce sera une goutte d’eau dans l’océan mais tout compte ».
Bientôt la deuxième partie, restez connectés.