Cette année, les 24h Motos Le Mans en sont à leur 46e édition, qui se déroule sans interruption depuis 1978. Le marathon de la Sarthe peut donc être utile pour une observation générale sur l’évolution du Championnat du Monde d’Endurance. D’année en année, la spécialité se développe, prenant de plus en plus les connotations (au moins pour le premier de la classe) d’un « gara sprint» articulé sur la distance de 8 ou 24 heures. En ce sens, l’édition 2023 ne fait pas exception, mais avec une bonne nouvelle : tout cela n’affecte en rien la nature même et l’essence des compétitions moto d’endurance.
24H MOTOS SPRINT
Regardons l’évolution du litige. Dans un line-up comprenant 6 équipes considérées »officiers” avec support et/ou ligne directe avec les constructeurs respectifs, désormais celui qui fait le moins d’erreurs gagne. En effet, ceux qui ne font rien de mal. Qui éventuellement ne rencontre pas le moindre problème. La vitesse compte, mais ce n’est pas suffisant. En revanche, une pierre d’achoppement, un échec sporadique, met en péril les rêves de gloire. En fait, cela a fait la différence entre les gagnants et les perdants au Circuit Bugatti. FCC TSR Honda, commettant de petites erreurs (presque rien), a remporté le trophée pour la troisième fois lors des six dernières éditions. Le YART Yamaha, plus rapide en rythme de course (avec un espace Niccolò Canepa dans les séances de roulage de nuit), a dû se contenter de l’argent en raison d’un arrêt inattendu et d’une chute malheureuse sur l’huile au milieu de la trajectoire de Karel Hanika. Un discours que l’on peut prolonger au BMW Motorrad World Endurance, troisième de sa rentrée à son tour avec un fracas sur la feuille de match.
DES RETOURS PRESQUE IMPOSSIBLES
Il y a dix ans, mais même 5 ans, les super retours étaient possibles. Quand la Suzuki SERT de ses beaux jours monopolisait la scène, elle prédisait presque un crash toutes les 24 heures. A l’époque, pas de problème. Aujourd’hui, après avoir testé plus ou moins lourdement les issues de secours, nous sommes en effet contraints de hisser le drapeau blanc, du moins en ce qui concerne les intentions ambitieuses. Pensez à ce qui est arrivé à Yoshimura SERT pas plus tard que le week-end dernier : contact au départ de Black-Hook, une demi-heure passée au stand, 17 tours perdus, adieu les rêves de gloire. La remontée (de la 54ème à la 7ème) reste d’excellente facture, mais pour le podium ce n’était pas vraiment quoi. Surtout avec le niveau de compétition, particuliers (courses exceptionnelles Honda Viltais) compris.
LA NATURE ENDURANCE SOUSTRAIT
Les 24h Motos sont la représentation parfaite de ce qu’est devenue l’Endurance moto aujourd’hui. Niveau technico-sportif élevé presque jusqu’à l’exaspération avec les temps Superbike, tout en conservant sa nature inchangée. Cela reste une course « d’endurance », de fiabilité des moyens, de stratégie, de travail d’équipe, avec l’émerveillement de courir dans toutes les conditions. Pluie, soleil, même brouillard (!), jour et nuit. Parcourant 3400 kilomètres en 24 heures, devant un public passionné (77 200 spectateurs officiellement déclarés), suivant une spécialité passionnante. Après tout, en 2023, l’esprit original du motocyclisme peut être préservé sans conclure d’accords crapuleux à la recherche de divertissement ou d’une nouvelle « cible commerciale ». Le FIM EWC le confirme.