La 86e édition du Bol d’Or, la légendaire course des 24 Heures organisée au Castellet, en France, est peut-être la plus spéciale de toutes. En un jour et une nuit, tout est joué : une poignée de points sont en jeu entre Honda FCC TSR, Yamaha Yart, Suzuki Yoshimura et BMW Motorrad. En qualifications, pour ce que ça vaut, BMW a eu le dessus (voici les nouvelles) L’Endurance, surtout ces dernières années, est un long roman plein de surprises, de drames techniques, de rebondissements en tout genre. Cette fois encore plus, car le rêve du monde agite les pensées de la moitié du paddock. Pour les pilotes, ce sera un défi jusqu’aux limites : vitesse, résistance, risque. L’incertitude peut coûter très cher. Mais même pour les techniciens, les 24 Heures sont un engagement plein de grandes difficultés, qui nécessite une gestion et une préparation particulières, y compris physique. Massimo Neri est l’un des ingénieurs électroniciens les plus expérimentés du paddock du World Superbike. Il était chez BMW (touchant le Championnat du Monde avec Melandri) et Ten Kate Honda. Il est chez Yamaha depuis fin 2018 et depuis trois ans il s’implique également sur le front de l’Endurance avec le Yart Yamaha, l’équipe officielle d’Endurance. Sur la photo d’ouverture, il est à côté de Karel Hanika, qui affrontera le Bol d’Or avec notre Niccolò Canepa et l’Allemand Marvin Fritz.
« La semaine précédente : j’ai beaucoup dormi »
«Maintenant, je commence à avoir une certaine expérience de 24 heures. L’astuce que je suis est de dormir le plus longtemps possible la semaine précédant la course. Si vous arrivez fatigué au garage, c’est fini, car les rythmes et les engagements nocturnes deviennent insoutenables. Ici au Castellet, je travaille en tandem avec Andrew Pitt (deux fois champion du monde Supersport, pendant des années chez Yamaha et actuellement chef technique d’Andrea Locatelli en WorldSBK, ndlr), donc nous nous relayons la nuit. La course démarre samedi à 15 heures et tout le monde y arrive sans problème jusqu’à minuit. Le plus difficile commence là, jusqu’à 6h du matin on voit les étoiles…”
« L’alternance des relais »
« Ici au Castellet, chaque quart de travail dure 52 minutes, j’estime donc que je peux dormir 20 à 30 minutes à chaque fois. Je dois être éveillé cinq tours avant l’arrêt au stand, tout comme le pilote, qui doit être prêt à prendre le relais si tôt. Pendant l’arrêt, nous téléchargeons les données et lorsque l’YZF-R1 revient en piste, nous effectuons une analyse des paramètres, afin de pouvoir envoyer d’éventuelles instructions via le cockpit pendant la course. Nous pouvons indiquer le rythme à maintenir en termes de temps au tour, ou si et quand changer de carte, afin d’optimiser les performances, la consommation et tout le reste. J’essaie de garder ce rythme jusqu’au bout.
“Voici ce que vous voulez quand vous mangez”
« Pour le Bol d’Or, Yamaha a apporté au paddock la même hospitalité que celle utilisée dans le Championnat du Monde Superbike, nous avons donc un super soutien. Concernant l’alimentation, il est préférable de manger peu et légèrement, mais assez fréquemment, car la prise alimentaire rend plus alerte et plus éveillé. Nous avons beaucoup de fruits disponibles. Les gars de l’hospitalité remplissent la boîte de tout le confort toutes les deux heures. C’est très important dans des courses de ce genre.
“Il y a une tension particulière”
« Nous jouons pour le titre mondial, donc l’ambiance dans le garage est encore plus fébrile que d’habitude. Les enjeux sont très élevés et nous sommes prêts à tout. Oui, parce que sur les 24 Heures c’est très difficile de ne pas avoir de problèmes, le “normal” c’est que deux-trois problèmes surviennent, ça arrive à toutes les équipes. Le gagnant est celui qui parvient à surmonter les obstacles dans les plus brefs délais, en minimisant l’impact sur les performances. Si nous gérons du mieux que nous pouvons les problèmes critiques qui peuvent survenir, tout va bien. Nous avons un jour et une nuit devant nous, ce sera un Bol d’Or que nous n’oublierons pas.”
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