L’approche du GP de Monaco nous amène inévitablement à nous souvenir d’un dimanche d’il y a 20 ans, qui est entré dans le cœur de tous les Italiens. Le jour où Michael Schumacher a quitté le cockpit en colère contre son exclusion précoce de la course n’a pas été un drame pour les habitants de ce beau pays. Ceci grâce à un garçon des Abruzzes, plus précisément de Pescara nommé Jarno Trulli. Au cours de l’année record de Ferrari, il y avait aussi de la place pour une autre histoire italienne. Gagner une course en Formule 1 est toujours spécial, mais le gagner à Monte-Carlo a une saveur différente, c’est l’étape la plus convoitée et celle qui fait l’histoire en soi. Reprenons donc ce 23 mai 2004.
Schumacher, 2004 de records en Formule 1
2004 est l’année des records pour Ferrari et Michael Schumacher, à tel point qu’elle reste dans les mémoires comme la meilleure année pour les fans en rouge. La F2004 a été reconnue comme l’une des monoplaces les plus importantes de la Formule 1, grâce à sa domination. Le GP de Monaco a eu lieu après que Ferrari et Schumacher aient remporté les 4 premières manches de la saison. Les caractéristiques du circuit urbain de Monte-Carlo ont amené les équipes à revoir leurs monoplaces pour s’affronter dans les rues étroites de la Principauté. Renault et Ferrari sont ceux qui ont le mieux travaillé. Pour l’occasion, l’entreprise française faisait fixer deux tirants sur la carrosserie et sur la partie arrière du moteur. Cela a permis à la voiture d’avoir une plus grande rigidité en torsion.
Pour lutter contre les goulots d’étranglement de Monte-Carlo, l’entreprise italienne a adopté de nouvelles cheminées. Ces cheminées insérées vers l’extérieur de la bouche d’aération du radiateur servaient à améliorer les flux d’air provenant de l’arrière de la voiture. Venons-en maintenant au tracé qui, comme d’habitude à Monaco, n’a pas eu lieu vendredi mais jeudi. Il s’agit d’aider la circulation urbaine. Les essais libres semblaient suivre le scénario habituel, à tel point que le pilote allemand Ferrari était en tête. Samedi, cependant, quelque chose a changé, puisque Trulli est entré derrière le porte-étendard teutonique. Certains commençaient à espérer une bonne course, jusqu’aux qualifications. À l’époque, les qualifications se faisaient sur un tour lancé et le meilleur pour y parvenir était Jarno. La BAR-Honda de Jenson Button s’est placée à ses côtés, tandis que Schumacher n’a pas dépassé la quatrième place, également derrière la Renault de Fernando Alonso.
Le premier succès de Trulli en Formule 1
Les qualifications à Monte-Carlo valent beaucoup, étant donné qu’il est pratiquement impossible de dépasser. Le Polonais italien ressemblait donc déjà à une demi-victoire, mais vu la force de Ferrari, personne n’a eu le courage de commenter. La course a immédiatement repris à l’arrêt, la Toyota d’Olivier Panis restant à l’arrêt sur la grille. Les feux ont encore changé et Trulli a parfaitement démarré, mais Takuma Sato a fait mieux que lui. Le Japonais avec sa BAR-Honda a réussi à passer de la septième à la troisième place, mais son moteur japonais est tombé en panne dans le troisième tour, frustrant tous ses efforts et il a été contraint à l’abandon. Sato, cependant, en reculant, a provoqué beaucoup de fumée de sa voiture alors qu’il s’écartait du chemin, fumée qui n’a pas permis à Giancarlo Fisichella de voir quoi que ce soit. Le conducteur romain a ainsi été le protagoniste d’un effrayant accident, car après avoir percuté l’arrière de la McLaren de David Coulthard, sa Sauber s’est renversée, mais heureusement le conducteur s’en est sorti indemne.
C’est ainsi que la première Safety Car entre et à la relance les deux Renault sont devant. La valse des pitstops commence et surtout la course atteint le quarantième tour. Au cours du quarantième tour, Alonso était prêt à faire un tour sur Ralf Schumacher, mais lorsque le pilote Toyota voit les drapeaux bleus, il freine d’abord puis accélère à nouveau. Cette décision a surpris l’Espagnol, qui a commis une erreur en sortant du tunnel et en heurtant les barrières. Nouvelle voiture de sécurité qui a aidé les Ferrari et Juan Pablo Montoya qui, en ne s’arrêtant pas, s’est retrouvé devant Trulli. Au cours du 45e tour, la voiture de sécurité était prête à revenir mais Schumacher, peut-être dans un moment de détente, a freiné brusquement et s’est fait emboutir par Montoya. Sa Ferrari est tombée en panne et n’a pas pu repartir, tandis que la Williams du Colombien poursuivait sereinement ses essais. Ceci, également grâce aux arrêts ultérieurs, a permis à Jarno de reprendre la tête et de commencer à réussir. Button a cependant commencé à tourner plus vite que l’Italien vers la fin, mais Trulli a su garder son calme et a ainsi remporté son premier succès en Formule 1 avec moins d’une seconde.
Jarno est le dernier Italien à avoir gagné à Monte-Carlo
Le pilote des Abruzzes n’a pas pu contenir l’émotion de son premier succès en Formule 1, intervenu après une course assez palpitante. La victoire de Trulli intervient 22 ans après celle de Riccardo Patrese avec Brabham, le dernier Italien à s’être imposé à Monte-Carlo. Le succès de Patrese a été historique, arrivant au drapeau à damier sans carburant. En 2004, Flavio Briatore, directeur de l’équipe Renault, ne semblait pas croire au succès et tout le monde commençait à penser que le nouveau visage de l’entreprise française pourrait être Jarno. Cependant, cela ne s’est pas produit et en effet, au cours de cette saison, des tensions ont commencé entre Flavio et Trulli, ce qui a conduit à une séparation précoce. Trulli a terminé la saison chez Toyota, tandis que Fisichella est allé chez Renault. Une fin amère, après cette merveilleuse journée d’il y a 20 ans.
PHOTO : Formule 1 sociale