Depuis qu’Alessandro Gramigni a participé à la finale à Donington Park avec Kawasaki UK en 2000, devenant ainsi le premier motocycliste italien à traverser la Manche, aucun de nos porte-drapeaux n’était jamais monté sur le podium dans le cadre du British Superbike. Pour ce faire, il a fallu attendre un garçon à peine majeur. Une attente interminable de 24 ans, mais, à certains égards, cela en valait la peine. Dans le « Week-end férié de mai » d’Oulton Park, Edoardo Colombi a marqué une page mémorable de l’histoire de notre motocyclisme. Le Milanais de 17 ans a honoré son engagement, allant peut-être bien au-delà des attentes. D’un seul coup, il a offert à l’Italie un doublé prestigieux, en dominant la première sortie saisonnière du Championnat National Sportbike Pirelli.
EDOARDO COLOMBI FAIT L’HISTOIRE
En fait, il y a tous les éléments pour la considérer comme une entreprise. Né en 2006, avec un passé en Coupe d’Europe Yamaha R3 Blu Cru et CIV Supersport 300, Champion dès la première tentative du Trophée Aprilia RS 660 en 2023, pour la suite de sa carrière, Edoardo Colombi souhaitait ardemment se lancer dans une aventure à plein temps à travers le Canal. Pour diverses raisons. Tout d’abord parce que l’avenir se construit au Royaume-Uni. Avec les lignes directrices du nouveau-né British Sportbike, réservé aux moteurs bicylindres et trois cylindres d’au moins 650 cm3, point de départ de ce qui devrait être à partir de 2025 le « substitut » de l’actuel World Supersport 300. Traduit : un banc d’essai important pour se façonner en prévision d’un hypothétique passage à la série futuriste des championnats du monde. C’est aussi l’occasion idéale d’affronter une réalité sélective, parfois anachronique. Où se démarquer a toujours été une mission prohibitive. Les pilotes au palmarès enviable en savent quelque chose, pour avoir affronté cet univers distinct avec un succès mitigé…
COMBINAISON TRICOLORE
Mais classe « soutien », British Sportbike ne faisait pas exception. Dans un plateau de départ comprenant près de 30 pilotes, tous connaissant parfaitement la dynamique du championnat et avec quelques noms ronflants, Edoardo Colombi a mis beaucoup d’efforts. C’est aussi grâce au travail impeccable de la très italienne équipe Gradara Corse, avec qui il avait déjà partagé la joie du drapeau tricolore dans le championnat monomarque Aprilia. Pour ce défi ambitieux, l’équipe de Carlo Facchini, une vieille connaissance de l’European Superstock 600 et avec de nombreux succès à son actif au niveau national, n’a rien laissé au hasard. Avec une dépense considérable d’énergie et de ressources (on parle encore d’un « petite » équipe appelée à affronter dix rounds dans un pays situé à des milliers de kilomètres de sa base d’opérations). De la gestion des vols aériens au transport des biens de base de la moto (tente, moto, pièces détachées, pneus, équipements, etc.). Jusqu’à la préparation d’une RS 660 avec une attention aux moindres détails par deux techniciens à l’expérience confirmée tels que Simone Gasperoni et Federico Cingaglia.
DAVID CONTRE GOLIATH
C’est précisément ce dernier élément qui a permis « Spiattella » pouvoir se concentrer exclusivement sur la performance pure. Aidé par une RS 660 hyper performante et toujours bien équilibrée, il lui a fallu peu de temps pour prendre en main Oulton Park. Ce n’est définitivement plus la piste « Britanique » du calendrier, mais toujours semé d’embûches et d’embûches. Encore plus pour un rookie comme dans son cas. Ready-go a réalisé le meilleur temps lors des tests pré-événement, attirant ainsi la première attention. Si quelqu’un préméditait un exploit improvisé, les faits prouvaient rapidement que c’était faux. Le week-end de course « décalé » (il a été diffusé avec un jour de retard en raison de la tradition britannique), Edoardo Colombi a tout simplement… monopolisé la scène. En qualifications, il avait raison de 90 millièmes seulement. « droite » Richard Cooper, se répétant dans les deux quelques. Avec différentes méthodes et aussi une pincée de chance.
DAVID CONTRE GOLIATH
Cooper lui-même représentait, en termes de réalisations et de CV, le principal danger. D’un côté, un double champion britannique Superstock 1000, vainqueur des courses BSB et avec un passé sur le légendaire Daytona 200, au départ avec une Street Triple RS 765 RS de l’équipe PHR Performance de Peter Hickman et le soutien direct de Triumph . De l’autre, un garçon proche de l’âge adulte, à sa première expérience au pays d’Albion au volant d’une RS 660 « fait maison ». En maximisant le peu ou la grande quantité disponible, Colombi a transformé un match inégal en un face-à-face passionnant. Sans crainte. Dans une Course 1 mouvementée (qui l’a entre autres vu s’identifier pleinement à la réalité BSB avec l’entrée de la Safety Car…) un drapeau rouge déployé en raison de l’accident de Rhys Stephenson a empêché un éventuel duel serré. Le classement final étant établi en référence au tour 7, la victoire est donc attribuée à Colombi avec 0″082 ! La course 2 était une histoire complètement différente. Dans cette circonstance, il a trouvé une alliée involontaire en la personne surnommée Jodie Fieldhouse. Juste au moment où le triomphe de Cooper se matérialisait, un énorme malentendu à Lodge avec le pilote Aprilia Go Pink Racing susmentionné lors du dernier tour a soudainement ouvert les portes au doublé de Colombi.
LA FORTUNE SOURIT AUX AUDACIEUX
Un double résultat inédit où aucun Italien n’avait jamais réussi. Sans aucun doute, tous les épisodes ont tourné en sa faveur à Oulton Park, mais à l’avenir, toutes les conditions sont réunies pour que la victoire devienne un point fixe. Seul défaut ? Les départs, moins excitants que prévu. Pas mal pour le premier leader du classement (avec le plein de points) du British Sportbike. Colombi renouvellera ses ambitions record, avec l’objectif de réécrire les livres d’histoire du motocyclisme italien à l’étranger, lors de la deuxième manche, les 18 et 19 mai à Donington Park. Un autre itinéraire « avec une touche européenne », potentiellement adapté à ses caractéristiques, déjà testé récemment lors d’une séance de tests fructueuse. Quelle que soit la façon dont elle se termine, 2024 a une belle histoire à raconter…