Connaissez-vous l’histoire du Cecchini Racing Team ? Nous vous avons parlé de son team manager, le multiple champion de flat track Francesco Cecchini, fils de l’expert technique Fabrizio, mais maintenant avec lui nous allons vous en dire plus sur cette très jeune équipe active dans le Championnat Italien de Vitesse mais avec le objectif d’arriver au premier rang du Championnat du Monde. Cette année, la structure est au départ en Moto3 avec Cristian Lolli et le rookie Valentino Casalboni, ainsi qu’en Supersport avec l’ancien vainqueur du Championnat du Monde Leonardo Taccini. A l’occasion de la première manche italienne à Misano, qui s’est terminée par deux podiums pour Lolli, nous avons eu l’occasion d’en parler avec le team manager, voici ce qu’il nous a dit.
Comment est née l’équipe Cecchini Racing ?
Il est né de la volonté de faire entrer le nom de mon père, et à juste titre le nôtre, dans le monde de la course automobile. Il a fait grandir de nombreuses équipes mondiales, mais il s’est un peu ennuyé et nous avons commencé ce chemin que nous voulons nous emmener vers le MotoGP. Il est né avec Cristian Lolli, qui nous a donné un petit coup de pouce car nous croyons beaucoup en ce garçon. En 2022 nous sommes donc partis de la Moto3 italienne uniquement avec lui, pendant la saison Lorenzo Gabellini nous a soutenu avec la Ducati V2 en 600. Il n’a fait que quelques courses, mais nous avons réalisé deux podiums.
Au niveau de l’équipe, au niveau des personnes ?
La beauté de notre équipe est que nous travaillons de manière professionnelle, non seulement les coureurs mais aussi les personnes, que nous essayons de développer avec nous avec la bonne méthode. De nombreux membres de l’équipe sont là depuis le premier jour, j’essaierai de les emmener avec moi lorsque je ferai le saut vers le Championnat du Monde. Je suis d’avis qu’une équipe doit être un peu comme une famille, donc il faut aussi qu’il y ait une affinité entre les personnes avec qui on travaille, sinon ça ne peut pas marcher. Il ne faut pas seulement que ce soit le pilote qui aille vite, mais il faut que toute l’équipe aille dans la même direction.
Vous êtes multiple champion de flat track, pourquoi ce « passage » à la vitesse ?
J’ai déménagé parce qu’au cours des deux dernières années de course, j’ai eu des blessures assez graves. Je n’ai jamais pu récupérer complètement physiquement, j’ai donc décidé d' »abandonner » ma discipline principale pour le moment. À 27 ans, je suis un peu plus âgé et je pense aussi au fait que ce chemin peut me donner un avenir. En plus, ce sport ne me donne rien à manger : j’ai beaucoup gagné, mais cela m’a apporté peu sur le plan financier. Je ne me plains pas car j’étais un des rares à gagner quelque chose, mais si j’avais gagné tous ces championnats du monde de sprint, j’aurais arrêté de courir ! [risata] J’y ai pensé en tant que personne mûre, disons. Je dois encore m’habituer à l’idée, mais des émotions fortes viennent toujours avec des enfants qui écoutent et prennent en compte vos retours, vos expériences.
Comment évoluent les sensations de pilote à team manager ?
Disons que les premières années je me disais que c’était mieux quand j’avais un casque sur la tête ! Quand on est pilote, on ressent de l’anxiété et de l’adrénaline avant de partir, mais quand on sort sur la piste, tout disparaît. Vous travaillez sur vous-même, vous pensez à vous. De l’extérieur, c’est très stressant, parfois même plus que lorsqu’on est pilote. Un chef d’équipe c’est 24 heures sur 24, 365 jours par an, avec la tête là : il faut organiser, gérer les personnes et ce qu’il faut dans une équipe, tout savoir sur chacun… Vous connaissez l’engagement que vous mettez et le des sacrifices que vous faites, quand ils partent il y a une forte tension parce que vous voulez que tout se passe bien.
Votre satisfaction et votre satisfaction vis-à-vis de vos chauffeurs : peut-on faire une comparaison ?
Ce ne sont pas des émotions comparables, ce sont des émotions différentes. Quand j’ai gagné, c’était plutôt une paix que j’ai trouvée en moi parce que je l’avais fait. Mais voir que vos coureurs réussissent bien… Parfois, c’est plus émouvant, cela vous fait plus monter les larmes aux yeux.
En regardant le Cecchini Racing Team, pourquoi êtes-vous parti du CIV Moto3 ?
Nous avions Cristian et c’était l’année où la catégorie a changé. En Italie, nous avons 450 moteurs, une dépense économique bien moindre qu’une vraie Moto3. Il nous a donc aidé à partir, à commencer ce voyage.
En 2023, le nombre de pilotes de l’équipe augmentera.
Nous avons commencé tout de suite avec trois pilotes : Lolli toujours en Moto3, Valentino Casalboni en PreMoto3 et cette année toujours avec nous mais en Moto3, et Brian Uriarte, qui courait en ETC et était venu faire quelques courses avec nous. Nous avons bien commencé, en PreMoto3 nous avons gagné immédiatement avec Brian, malheureusement il s’est ensuite blessé donc le rêve de remporter le championnat a pris fin. Cristian, en revanche, a bien performé : nous avons raté le vice-championnat d’Italie lors de la dernière course, mais nous avons terminé troisième.
Cette année l’équipe Cecchini court dans deux catégories, des objectifs saisonniers ?
Nous attendons beaucoup de Lolli cette année : il est dans sa troisième année et il progresse en rythme, mais les deux premiers vont fort… Nous devons donc nous améliorer davantage. Valentino a besoin d’acquérir de l’expérience, mais à mon avis, c’est un gars qui le mérite et, si nous parvenons à lui faire trouver les bonnes sensations avec la moto, il obtiendra également une certaine satisfaction. Au lieu de cela, en 600, Taccini doit s’adapter un peu au style du bicylindre V2, la Ducati est une moto qui doit être pilotée un peu différemment des quatre cylindres, mais c’est un gars qui n’abandonne pas et qui va vite, il l’a déjà établi.
Pourquoi avoir également choisi la Supersport ?
Nous avons aimé après les courses avec Gabellini, avec un vélo que nous avons toujours préparé nous-mêmes. Nous avons également rencontré Leonardo Taccini, en qui nous croyons beaucoup et qui voulait se racheter après avoir eu quelques malheurs dans sa carrière.
Le grand rêve du Cecchini Racing Team est cependant le MotoGP.
Nous faisons toujours un pas en avant chaque année. Ce serait bien de pouvoir faire le grand saut l’année prochaine, ou l’année d’après. Nous essayons de tout mettre en place financièrement pour pouvoir aller disputer le championnat du monde Moto3. En ce moment, nous avons trouvé des personnes qui nous donnent un gros coup de main et nous parlons de notre avenir, pour que tout se réalise.
Mais ce n’est pas la seule idée, n’est-ce pas ?
Cette année, nous courons également en Supersport avec une Ducati V2. C’est une étape un peu différente car elle pourrait vous mener au World Supersport et au Superbike, différent de celui du Moto3, du Moto2, du MotoGP. A juste titre, nous considérons toutes choses, nous pourrions aussi y faire une expérience. Si nous ne parvenons pas à tout réussir en Moto3, le Supersport est une alternative valable : notre aspiration n’est pas de rester dans le Championnat italien mais de viser le Championnat du Monde. Doigts croisés.
Photo : Marzio Bondi