Ce que nous avons vu le week-end dernier en Thaïlande a été l’une des meilleures courses de la saison, sans exagérer même dans le MotoGP moderne. Un grand mérite revient au “joueur 33” Brad Binder, galvanisé par le triomphe des Springboks (l’équipe nationale sud-africaine de rugby, une institution pour son pays), pour avoir interrompu ce qui aurait pu être un solo Ducati. Le pilote de Potchefstroom s’est déchaîné, tentant de toutes ses forces de placer sa KTM devant les deux représentants du constructeur italien. Il n’y est pas parvenu, mais sa course n’est que la énième démonstration de la valeur de Binder, qui a longtemps été la référence incontestée de la marque autrichienne. Comme Marc Marquez l’a toujours été depuis son arrivée chez Honda, une discussion qui se terminera à la fin de cette 2023.
Binder et KTM, une longue histoire
En fait, la discussion commence de bien plus loin. Il fait partie de ceux qui sont passés par la Red Bull Rookies Cup, le championnat monomarque KTM, avant de se lancer dans le challenge mondial. Il met vite fin à l’absence de podiums pour son Afrique du Sud, sa consécration intervient en 2016 avec le triomphe au championnat du monde en Moto3 avec l’équipe d’Aki Ajo, alors équipe KTM officielle de la catégorie. Binder a ensuite risqué de remporter le championnat Moto2 avec KTM, un projet qui a été de courte durée mais que lui seul a réussi à porter à des niveaux élevés.
Une fois arrivé en MotoGP, il est devenu l’un des rares à réussir dès ses débuts, marquant également une étape historique pour KTM. Depuis, on parle de quatre victoires (deux cette année seulement) et de onze autres places sur le podium entre sprints et courses longues (dont huit réalisées en 2023), mathématiquement il est donc resté en lice pour le titre jusqu’au dernier GP, ce qui s’est passé auparavant. Ce n’est pas une surprise qu’il soit constamment enfermé dans des contrats pluriannuels !
Brad Binder devient Marc Marquez ?
Mais comment fait-il ? Une réponse est venue de Pol Espargaro, le pilote le plus expérimenté du quatuor KTM. L’Espagnol n’a pas caché qu’il était très impressionné par ce que fait Binder, surtout par rapport à tous les autres pilotes à bord de la RC16. Dans son cas, n’oublions pas la blessure et donc un sérieux retard dans la réadaptation à une moto profondément modifiée. Moto qu’il laissera à Pedro Acosta au terme d’une longue période problématique pour les cinq pilotes engagés pour quatre motos… De retour chez le Sud-Africain, il est actuellement le seul pilote capable d’émerger avec la KTM.
En Thaïlande, Espargaro a commencé par une blague : “Vous pourriez offrir une Moto2 à Brad Binder et il serait toujours capable de gagner des courses en MotoGP.” Peut-être trop souligné, mais Espargaro met ainsi en avant l’excellent travail de sa marque partenaire. Mais comment fait-il ? « Binder est capable de freiner plus tard et d’avoir plus de vitesse dans les virages. Nous avions un style de pilotage très similaire, mais maintenant la moto est très différente. Je ne dis pas que cela lui convient, c’est plutôt lui qui s’est constamment adapté à un vélo en évolution.” La comparaison avec Marc Marquez et Honda, qui reviennent clairement à leurs jours dorés d’avant la blessure, est évidente. Qui sait si Brad Binder saura vraiment mettre à mal l’armée Ducati pour le championnat MotoGP… Peut-être en 2024 ?
Le « Sud-Africain volant » du MotoGP
Mais les données sur ce que Brad Binder a déjà réalisé jusqu’à présent sont assez claires. Comme mentionné, c’est lui qui a mis fin à la famine de podiums pour son pays, une absence de résultats qui a duré 29 ans en MotoGP. Le précédent était Mario Rademeyer, 3ème en 250cc du GP d’Afrique du Sud 1985 organisé à Kyalami. En 2016, comme mentionné, il est devenu champion du monde Moto3 et encore une fois il a été le premier Sud-Africain depuis longtemps : le dernier était Jon Ekerold, champion du monde en 1980 dans la défunte 350cc. Comme mentionné, en Moto2, il a réussi à obtenir des résultats étonnants avec une KTM qui n’était pas à la hauteur de l’armée KALEX, terminant 3ème champion du monde en 2018 et vice-champion lors de sa dernière saison dans la catégorie.
Arrivé en MotoGP, il continue de faire la différence, certainement pas seulement pour les incroyables remontées de dimanche qui ont limité la casse après les éternels problèmes des qualifications. Encore une fois, les chiffres le mettent en comparaison avec les compatriotes qui l’ont précédé. En effet, avec le podium obtenu à Buriram, Brad Binder est devenu le Sud-Africain avec le plus de podiums dans la catégorie reine, désormais neuf. Auparavant, comptait le 8 de Paddy Driver, premier Sud-Africain à concourir dans la catégorie reine, puis évidemment 500cc étant donné qu’il a couru en Championnat du Monde entre 1958 et 1965. Pour l’ancien pilote originaire de Johannesburg, la 3ème place au Championnat du monde en 1965 derrière Agostini et Hailwood, encore un but intéressant pour Binder.
Photo : Images KTM/Photo de polarité




